25.9 C
Dzaoudzi
lundi 25 novembre 2024
AccueilEconomieCentre de gestion : une 3ème personne potentiellement impliquée

Centre de gestion : une 3ème personne potentiellement impliquée

A-t-on assisté en 2015 à de petits arrangements entre amis réunionnais au frais du Centre de Gestion de Mayotte ? Un de ses agents déjà suspendu lors de la révélation des faits en 2019, aurait falsifié des notes au bénéfice du président du CDG de La Réunion, probablement par l’intermédiaire d’une tierce personne. Une affaire qui éclate à la veille d’élections à La Réunion. A Mayotte, le président Majani demande que la lumière soit faite "sur ces agissements inacceptables".

Le Centre De Gestion (CDG) de la fonction publique territoriale de Mayotte est sous les feux de l’actualité régionale. La semaine dernière on apprenait de nos confrères du Journal de l’Ile de La Réunion (JIR) que le président du CDG de l’île Bourbon, Léonus Thémot, se coiffait littéralement d’un bonnet d’âne sur ses compétences de rédacteur territorial principal*. Notre CDG lui avait pourtant offert une casquette d’agent de catégorie B, grâce à sa bonne note de 15/20 à l’écrit, transformée d’une main maladroite à partir du 3/20 en réalité obtenu. On apprenait de nos mêmes confrères que l’oral n’avait guère été plus brillant, mais avec là aussi une harmonisation à marche forcée de la note de 5/20 devenue 7/20.

Une information qui tombe deux mois après un rapport de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) très critique sur le Centre de Gestion de Mayotte, notamment sur ses politiques de rémunération et de recrutement. Mais on verra plus loin que son homologue de La Réunion n’était guère plus vertueux.
Paradoxal quand on sait que le CDG est l’établissement public administratif chargé d’assister l’ensemble des communes, des intercommunalités de l’île ainsi que le Département dans la mise en œuvre du statut de la fonction publique territoriale. Il gère ainsi la carrière des 5.600 agents des 36 collectivités territoriales et établissements mahorais.

Un agent à l’éthique aléatoire

Gilles Bizeul a utilisé une de ses prérogatives en saisissant le procureur

Les magistrats de la Chambre indiquaient notamment que « les irrégularités constatées dans l’organisation des concours pourraient en fragiliser la validité ». Un terme évasif, mais son président Gilles Bizeul nous avait expliqué pouvoir pousser les enquêtes plus loin, « certains actes n’apparaissent pas au grand jour dans les rapports que nous livrons, comme le signalement auprès du procureur de la République. »

Ce fut le cas puisqu’une enquête est en cours, notamment sur la contrepartie perçue par le ou les auteurs de la falsification. L’article du JIR parle de sommes oscillant entre 3.000 et 5.000 euros. Le pivot a été identifié. Selon nos informations, il s’agirait d’un agent présent dans la maison depuis 2008. « Ses agissements n’étaient pas très… musulmans », pour ne pas dire catholiques, commente notre interlocuteur connaisseur du dossier qui souhaite conserver l’anonymat. Rien de très grave, mais les véhicules professionnels étaient parfois utilisés à des fins privés, des retards répétés, un comportement qui avait généré un rapport et un recadrage efficace, puisqu’il n’avait plus fait parler de lui.

En 2018, la Chambre Régionale des Comptes lance son contrôle, et constate une falsification des notes. Etant le seul à avoir les codes et les sujets, les soupçons des gendarmes s’orientent vers cet agent. Il ne peut nier, ce qui lui vaut d’être suspendu 4 mois, et avec dépôt de plainte du CDG de Mayotte, confirme un communiqué de son président Mohamed Majani émis jeudi dernier. Il indique que l’agent ne travaille plus au CDG.

Reste à savoir s’il existe une filière de Réunionnais bénéficiant de ces inflations de note. Nous avons interpellé un ancien président du CDG de Mayotte, le conseiller départemental Ahamed Attoumani Douchina, pour savoir si, en 2014, quand il a laissé les clefs de la maison, cette transhumance intraocéane existait déjà.

« Détournements de fonds publics » au CDG La Réunion

Ahmed Attoumani Douchina explique la présence en force de Réunionnais au concours

« Lorsqu’un Centre de gestion organise un concours, il est national. On mutualise les coûts, pour ne pas organiser le même dans deux centres simultanément. Il était donc fréquent que des agents réunionnais fassent le déplacement, ils étaient d’ailleurs d’un bon niveau. Il fallait seulement éviter que des Mahorais soient lésés, car le nombre de postes offerts est contraint. La différence se faisait donc à l’oral, sur la connaissance du territoire. A l’écrit par contre, les noms ne s’affichent pas sur les copies. Seul le responsable des concours détient le code et les sujets, et ne peut désanonymiser les copies qu’après avoir inscrit les notes sur le relevé ». Ce qui explique que la falsification du 3 en 15 n’ait pas pu avoir lieu en amont, et soit aussi hasardeuse dans sa réalisation. Selon l’élu, ni le président, ni le DGS n’interviennent à ce stade. Cet agent était inscrit dans le réseau des concours nationaux.

La présence de Réunionnais au concours n’avait donc rien d’extraordinaire, mais par contre, elle a très bien pu être entretenue, selon notre contact anonyme. L’agent mis en cause a toujours nié avoir touché une contrepartie financière, mais il se pourrait qu’une troisième personne soit impliquée, « un Réunionnais vivant à Mayotte », aux commandes de la métamorphose rémunérée des notes.

Une falsification grossière du 3 en 15/20, dévoilée par le JIR (Capture d’écran clicanoo.re)

Reste à se pencher sur le timing des révélations, alors que l’affaire a 5 ans d’âge, et que l’enquête est ouverte depuis deux ans. En 2015, Léonus Thémot n’était pas président du CDG de La Réunion. Notons que la gestion de la structure faisait l’objet d’une enquête interne à cette époque pour des faits de détournements de fonds publics et recel, dénoncés par la Chambre Régionale des Comptes. Si le CDG de Mayotte a à rougir de sa gestion, il n’est donc pas isolé.

Il se trouve que c’est au mois de novembre prochain que le CDG de La Réunion devra désigner un nouveau président, Léonus Thémot serait d’ailleurs candidat à sa propre succession. La médiatisation de ses agissements va considérablement freiner cette ambition, ouvrant la voie à d’autres candidats.

Anne Perzo-Lafond

*Le rédacteur territorial (agent de Catégorie B)assure en particulier des tâches de gestion administrative, budgétaire et comptable, et participe à la rédaction des actes juridiques

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139521
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139521
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139521
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139521
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139521
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139521
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...