Mayotte pourrait passer à côté du dispositif «Garantie jeunesse» de l’Union européenne, «par manque de statistiques fiables» nous disait Daniel Zaïdani ce matin. L’expression nous a surpris. Voici des explications.
La « Garantie jeunesse » est un dispositif mis en place au niveau européen en juin 2013. Son objectif : permettre aux moins de 25 ans de se voir proposer une offre d’emploi , une formation, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivant leur sortie de l’enseignement ou la perte de leur emploi. Et l’Europe a mis des moyens : 8 milliards seront débloqués d’ici la fin de l’année pour financer des projets dès 2014, ciblés sur les régions où le chômage des jeunes actifs dépasse les 25 % en 2012. Huit régions métropolitaines sont concernées, les quatre DOM historiques mais peut-être pas Mayotte.
Outre le fait que notre département ne deviendra une RUP (Région ultrapériphérique européenne) qu’au 1er janvier, ce sont les données statistiques qui posent problème.
Ce n’est pas tant leur « fiabilité » qui est remise en question, l’INSEE et Pôle emploi disposent d’informations sérieuses, que leur ancienneté.
Une enquête emploi qui remonte à 2009
Certes, Pôle emploi publie le nombre de demandeurs d’emplois inscrits à la fin de chaque mois. Ces valeurs donnent des indications mais parmi ces chômeurs, certains ne sont pas vraiment en recherche d’emploi et à l’inverse beaucoup de sans-emplois ne sont pas inscrits. Mayotte affiche ainsi, à la fin du mois d’août, 7.071 chômeurs, un chiffre qui n’a pas beaucoup de sens.
Seule, l’enquête emploi de l’INSEE fait référence pour connaitre le taux de chômage. Le problème est que la dernière remonte à… 2009. Une information beaucoup trop ancienne pour être prise en compte par les institutions européennes.
En avril dernier, l’INSEE a lancé une nouvelle enquête emploi et les données devraient être disponibles « prochainement ». Cette enquête a vocation à devenir annuelle ce qui constitue un grand progrès, même si au niveau européen ces informations sont plutôt trimestrielles.
« L’emploi et le chômage sont des éléments statistiques prioritaires, explique Jamel Mekkaoui, le chef du service régional de l’INSEE. On converge de plus en plus vers les pratiques des autres DOM. »
Avec la départementalisation, c’est, en fait, la normalisation de l’ensemble des statistiques de Mayotte qui est en route (voir article). Les informations seront disponibles plus régulièrement et logiquement, elles correspondront mieux à la réalité du moment. Mais cette perspective pourrait être trop lointaine pour convaincre Bruxelles d’intégrer Mayotte dans le dispositif « Garantie Jeunesse » avant la fin de l’année. Loin des statisticiens, la balle est dans le camp des politiques.
RR
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