Bien que des efforts aient été faits, comme nous l’avons signalé, le budget de Fonctionnement de la commune de Tsingoni reste en déficit, alors que des déplacements sont envisagés, plus ou moins justifiés. Une délégation de la commune doit notamment assister au congrès de l’ACCD’OM 2021, ainsi qu’au congrès de l’union sociale pour l’habitat. Des voyages qui ne choquent pas le maire Mohamed Bacar, « les frais engagés lorsqu’on se déplace à Paris sont faibles, ça ne doit pas nous empêcher d’assister à ces réunions. »
En ce qui concerne la coopération régionale, le déplacement d’une délégation vers 3 pays de la région part d’un constat : le fonds européen Interreg de la dernière enveloppe se monte à 12,5 millions d’euros, « et rien n’a été consommé. Pour éviter le dégagement d’office en 2023, il faut les utiliser », rapporte Ali Abdou, 1er adjoint au maire, pour qui la coopération régionale est une 2ème peau, puisqu’il travaillait chez Business France auparavant. Trois pays sont visés, les Comores, Madagascar et le Mozambique. Si la délibération mentionne le déplacement de 6 personnes, il est possible qu’une seule parte finalement, nous indique-t-il.
Nous l’avons interrogé sur la teneur des échanges de coopération régionale. Pour l’instant, les projets ne sont pas encore définis, il s’agit de cerner les besoins des territoires concernés, explique-t-il : « Nous avons choisi des villes d’importance équivalente à la nôtre, c’est à dire Mitsamiouli, en Grande Comore, Majunga à Madagascar et Matola au Mozambique. Nous allons déterminer sur quels domaines, mais cela pourra être la participation à un tournoi de foot, le sport est inscrit dans le programme Interreg. Cela pourrait être aussi des besoins en desserte d’électricité, auxquels des entreprises mahoraises pourraient répondre avec leurs compétences en solaire. L’exigence de ces programmes européens, est que le territoire qui initie doit bénéficier de 70% des retombées. »
Sous-développement chronique
Un déplacement qui va donc solliciter les fonds Interreg et Feder, « si nous avons mobilisé 30.000 euros, cela ne devrait au final rien coûter à la commune, étant donné que la contrepartie de 30% des fonds est prise en charge par le conseil départemental, assure l’adjoint au maire, cette mission devrait être mise en place dans le cadre de la coopération décentralisée du conseil départemental. Nous allons solliciter un cabinet spécialisé dans la consommation de ces fonds. »
Pour Ali Abdou, cette coopération, notamment avec les Comores, colle aussi à l’Histoire de Tsingoni : « Combani s’est construite autour des Comores, avec la société Bambao*. Les descendants des grands-comoriens sont plutôt sur Combani village, et des anjouanais, sur Mirereni. » Une explication des rixes qui agitent la commune ? « Les affrontements actuels sont liés au sous-développement chronique provoqué par l’apparition des communes en 1975. » Surtout dans le manque d’investissement dans un des villages, « à Mirereni, il n’y a rien, pas de plateau sportif, pas de commerce. Il y a un problème de répartition, 80% de la population consomme 20% des richesses ». Un problème structurel qui ne pourra pas évoluer d’un coup selon lui, « il faut changer les mentalités ».
A.P-L.
* Un des plus gros producteurs mondiaux d’ylang dans les années 1900, la société Bambao fondée à Anjouan, installa une partie de sa production à Combani
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