29.9 C
Dzaoudzi
lundi 23 décembre 2024
AccueiljusticePrison pas très ferme pour les braconniers de tortue

Prison pas très ferme pour les braconniers de tortue

Malgré une jurisprudence très sévère en la matière, trois braconniers ont été condamnés à de la prison ferme mais sans incarcération immédiate ce vendredi, au grand dam des associations environnementales qui ont permis leur interpellation au prix d'une tortue tuée.

Le plan d’action contre le braconnage chapeauté par l’ancien préfet Colombet porte ses fruits, mais le message de la justice n’est pas forcément à la hauteur selon les associations environnementales qui se constituent partie-civile à chaque procès de braconniers.

Trois d’entre eux, un Français et deux Comoriens en situation régulière -c’est assez rare en matière de braconnage pour être précisé- ont comparu ce vendredi après avoir été interpellé grâce aux associations déployées en Petite Terre, à leur partenariat avec la gendarmerie maritime, et à l’intervention de policiers hors service. L’un d’eux a d’ailleurs été blessé à la main quand un braconnier a tenté de fuir en grimpant à un arbre qui a cassé sous son poids, le faisant tomber sur le fonctionnaire.

Le temps de faire intervenir les forces de l’ordre, les malfaiteurs ont réussi à dépecer une tortue, et d’emporter 71kg de viande. Une opération menée avec une “précision chirurgicale”, sans lumière, et sans mettre “un grain de sable” dans la viande, illustre le procureur Yann Le Bris, qui y voit la preuve que l’équipe est très expérimentée. Comme quasiment tous les braconniers, ceux-ci ont toutefois tenté de convaincre à la barre que c’était leur “première fois” et que la viande était destinée à leur “consommation personnelle”. Une thèse à laquelle “personne ne croit” a assené le procureur.

La plage de Petit Moya est prisée des braconniers. Une recrudescence de pontes y est enregistrée depuis que la subsidence de l’île aurait conduit de nombreuses tortues à se détourner des autres plages de Petite Terre au profit de celle-ci… qui est du coup particulièrement surveillée.

Des peines sévères pour les juristes, mais incomprises des justiciables

A l’issue d’un procès en comparution immédiate qui s’est tenu jusque tard dans la soirée de vendredi, les tueurs de tortue ont écopé de peines sans incarcération immédiate : 6 mois ferme pour un jeune qui n’aurait pas participé à la mise à mort de la tortue mais en aurait simplement transporté la viande, et 12 mois ferme pour les deux autres qui ont tué et dépecé l’animal protégé.

Or, la prison “ferme” n’est pas toujours synonyme d’incarcération. En deçà de 6 mois, la règle est d’aménager la peine (au moyen par exemple d’un bracelet électronique). entre 6 et 12 mois, la peine “ferme” peut être aménagée ” si la situation et la personnalité du condamné le permettent”. Il n’y a d’incarcération que si le juge prononce le mandat de dépôt. Au delà de 12 mois (ou 24 mois pour les infractions commises avant le 24 mars 2020), l’incarcération est automatique.

Là, en l’absence de mandat de dépôt, la condamnation des trois prévenus est désormais entre les mains du juge d’application des peines. En attendant leur convocation devant ce dernier, les trois complices ont donc repris la barge… avec les bénévoles venus témoigner contre eux quelques minutes plus tôt. Et au lieu de faire profil bas, ces derniers les y ont trouvés “moqueurs”, voire “provoquants”, et redoutent “un risque non négligeable de récidive”.

Selon le témoignage de l’officier la tortue n’avait pas eu le temps de pondre, et des dizaines d’œufs ont été retrouvés parmi les abats.

De quoi s’interroger sur le sens de ces condamnations à de la prison “ferme” mais sans mandat de dépôt, qui sont souvent mal comprises par les condamnés eux-mêmes, autorisés à rentrer chez eux. Un proche des braconniers en a même déduit qu’il s’agissait d’un “sursis”. Après cette condamnation qui n’est ferme que sur le papier, le procureur pourrait décider de faire appel, il a 10 jours pour cela.

En 2020, la chambre d’appel avait en effet prononcé 2 ans ferme avec mandat d’arrêt pour deux braconniers. En mai dernier, c’était 18 mois ferme qui étaient prononcés, toujours en appel, toujours à la demande du parquet, et toujours avec un mandat d’arrêt, l’absence d’incarcération en première instance ayant permis aux condamnés de disparaître dans la nature. Un cas de figure moins probable dans ce cas précis, au regard de la situation administrative des condamnés, insérés à Mayotte.

Y.D.

Photos @OFB

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...