Pour ses approvisionnements, Mayotte a le regard tourné vers la mer. C’est pourquoi le message envoyé ce lundi par le Syndicat des transitaires du port était alarmant. Il annonçait que la CMA-CGM, principale compagnie maritime desservant Mayotte, n’offrirait plus qu’un départ tous les 21 jours depuis le port de Jebel Ali, « principal port de transbordement pour les containers en sortie d’Europe et de métropole », le nombre d’escales mensuelles à Longoni passerait ainsi progressivement « de 4 à 2 dans le meilleur des cas ».
Un approvisionnement divisé par deux alors que la démographie connaît toujours un taux de croissance supérieur à 4% ici… une nouvelle peu rassurante. Elle tombe dans un contexte de réorganisation du commerce maritime post Covid, pris dans un tourbillon de forte reprise de la consommation aux Etats-Unis et en Europe, à la suite de l’atonie de la crise sanitaire. « Depuis octobre dernier, les tarifs des containers en partance d’Asie ont littéralement explosé à cause d’une pénurie d’équipements due à une hausse de la demande aux États-Unis et en Europe », titre le site LSA. « Dans le transport maritime, le prix des conteneurs a quadruplé », titre encore Usine nouvelle. Les navires sont davantage sollicités.
Les transporteurs ont donc du s’adapter. Une réorganisation qui touche également Mayotte. Pas au point de provoquer la pénurie, rassure-t-on sur le port. La compagnie CMA-CGM traite deux flux de marchandises : la ligne Nord-Sud, appelée Noura, et l’autre qui relie l’Ouest à l’Est, depuis Maurice et La Réunion. C’est la première qui est touchée : « Au lieu de 2 à 3 navires par mois, il n’y en aura plus qu’un, explique CMA-CGM, mais le nombre de containers qui approvisionnent l’île sera le même. Ils sont 250 à être traités chaque semaine, nous gardons ce volume là, les navires seront davantage chargés ».
La ligne Est-Ouest quant à elle ne sera pas affectée, « nous restons sur 138 containers par semaine ». S’il y a peu de chance qu’il y ait engorgement de navires, puisqu’ils seront moins à toucher le port, la mise à disposition des containers pourrait être plus problématique puisqu’ils arriveront en plus grand nombre et tous en même temps.
Une évolution qui devrait donc toucher davantage les usagers du port que les consommateurs, notamment les services qui œuvrent aux entrées et sorties des navires. Mais on sait qu’un battement d’aile de papillon à Longoni se traduit parfois par des effets dans les caddies…
Anne Perzo-Lafond
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