Qu’ils soient pilote, transitaire ou patron de grande distribution, tous parlaient d’une voix ce mardi dans l’enceinte du Conseil départemental. Ces représentants de l’Union maritime de Mayotte voulaient voir le président Soibahadine Ibrahim Ramadani pour lui faire part de leurs doléances. Après un point presse, ils ont été reçus par le vice-président Mohamed Sidi.
“Je les ai reçus et écoutés”, résume ce dernier. “Je vais faire dès demain (ce mercredi NDLR) un compte rendu au président. Ils ont présenté toute une liste de doléances, notamment ils ont parlé d’une urgence concernant la société Somaco qui a 84 conteneurs bloqués au port. Il y avait un référé à 15h. Pour eux ça démontre les problématiques qu’il y a au port. Il y a notamment leurs demandes un changement dans la gouvernance du port, les questions d’AOT, de tarifs, tout ce qui est latent là bas et qui pose problème.”
Parmi eux en effet, Sam Akbaraly, patron de Somaco, dénonce ce qu’il appelle une “prise d’otage” de plusieurs dizaines de conteneurs, notamment des produits périssables destinés à la période du Ramadan. Selon lui, un litige autour de la facturation serait à l’origine de ce blocage de ses marchandises.
Sam Akbaraly a déposé une demande en référé pour récupérer ses conteneurs, qui a été plaidée ce mardi à 15h. “On a fait la plaidoirie mais la juge a demandé 48h donc on aura les résultats jeudi. Ça s’est bien passé” estime l’entrepreneur.
Un litige repris par le président de l’UMM Norbert Martinez pour qui avec ce “genre de pratique”, le gestionnaire du port, Mayotte Channel Gateway “oublie que dans délégation de service public, il y a service public, on ne gère pas le port pour faire de l’argent”. Les représentants reçus par le vice-président du CD estiment avoir été longtemps “pacifiques” dans leur approche.
Un arrêté fantôme, et un vrai dépôt de plainte
Après l’espoir suscité par un courrier commun le président du CD et le préfet l’année dernière, ils envisagent de passer à la vitesse supérieure. Le président de l’UMM a également sollicité le 27 novembre 2020, Annick Girardin, ministre de la Mer, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer, et à Monsieur Jean-Baptiste Djebarri, Ministre des Transports, pour leur faire part des dysfonctionnements du port. “Depuis, la délégataire du port a décidé de la mise en application d’une tarification relative à une redevance dite « redevance sûreté » non validée par le Président du Conseil Départemental”, rapporte Norbert Martinez dans un communiqué de presse, et “a adressé à certains occupants du domaine public portuaire ainsi qu’à des importateurs, des lettres de menace (d’expulsion !) en faisant fortement référence à un arrêté relatif à la tarification de l’outillage public portuaire en date du 28 avril 2016”, un arrêté qui n’a “pas d’existence légale”, selon une confirmation du préfet, rapporte toujours le communiqué. Lire Communiqué UMM Presse 13 04 2021
L’Union maritime a fait une dénonciation auprès du procureur, et un groupe d’acteurs économiques a également entamé une action en justice “pour faux et usage de faux commis dans une écriture publique par une personne chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de sa mission”.
Sans trop dévoiler leurs actions à venir, qui dépendront de la réponse du président du Département, on sait qu’ont été évoquées les options d’une opération escargot ou d’un blocage pur et simple du port.
Y.D.
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