La rencontre en viso réunissait à 16h trois parlementaires, Mansour Kamardine, Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah, la 1ère VP du Département Fatima Souffou et le président de l’association des maires de Mayotte, Madi Souf, ainsi que les maires réunis dans la salle audio du lycée des Lumières. Etonnamment, un seul média mahorais avait été associé, en compagnie du Monde et de Outre-mer 360°.
Pour connaître la teneur des échanges, nous avons contacté le sénateur Thani Mohamed Soilihi qui se réjouit des propositions de la part de Sébastien Lecornu, « elles reprennent l’intégralité des idées que les parlementaires mahorais ont défendues, notamment sur la convergence des droits. Le ministre a reconnu qu’il fallait accélérer le processus, en proposant une loi cadre que nous défendons depuis des années. »
L’évaluation des transferts de compétences au titre de la Région n’ayant toujours pas été faite, Mayotte en exerce un bon nombre qui ne sont pas compensées financièrement. Pour y pallier, le ministre Sébastien Lecornu a proposé aux élus une « clarification institutionnelle », « la population sera consultée pendant deux mois, du 1er avril au 1er juin. Le président de l’association des maires est intervenu pour dire son agacement de consultations répétées, expliquant que ‘tout a déjà été dit’. Mais le ministre a expliqué que cela permettrait une rédaction commune d’un projet de loi d’ici le 14 juillet. » Il devra ensuite être soumis au conseil des ministres, « d’ici la fin du quinquennat ».
« On est fiers que Mayotte soit la France »
Sur sa page Facebook, dans un message, Sébastien Lecornu fait en effet état des points qui seront débattus pendant deux mois avec les habitants, pour « voir ce qu’on peut améliorer à Mayotte » : « Il faut renforcer le régalien, dont l’immigration clandestine, la convergence sociale, pour avoir les mêmes droits que dans un autre département, ce qui pose les question des cotisations, la question du développement dans une ile à la forte démographie et aux enjeux environnementaux notamment sur la question du foncier ». Des thèmes qui ont déjà été débattus, qui ont fait l’objet de multiples calendriers. Le ministre veut figer l’évolution « sur les 10 prochaines années ». « On est fiers que Mayotte soit la France », concluait-il.
On peut regretter le côté confidentiel de cet échange entre le ministre et les élus en présence de peu de médias, mais il aura eu un mérite, celui de rendre audible en Hexagone, la position de la population mahoraise : « Le ministre a insisté sur la francité des Mahorais. Si à Mayotte, tout le monde en est convaincu, c’est au niveau national qu’il faut que ça se sache. La présence de deux médias nationaux était donc une bonne chose. » Enfonçant le clou, ce jeudi, Sébastien Lecornu évoquait la départementalisation comme « une volonté des mahoraises et des mahorais de faire partie de notre communauté nationale (…) et cela dure depuis longtemps. »
Après de nombreux reproches qui ont plu lors des 10 ans, le sénateur Mahorais est revenu sur le parrainage des différents chefs de l’Etat : « Le président Sarkozy a entériné la départementalisation, il est celui qui a su concrétiser cette promesse, son successeur François Hollande a permis la mise en place de l’indexation des salaires des fonctionnaires, le RSA, même si l’égalité est encore à venir et Emmanuel Macron a développé le volet régional avec l’application du Code du Travail, la mise en place d’un Plan de convergence et de l’opération Shikandra de lutte contre l’immigration clandestine. »
La piste, le port et l’hôpital comme préalables
Commentant la future loi programme, le sénateur juge que « c’est une bonne chose », mais a demandé que soient mis en application rapidement les engagements déjà formulés, « sur la piste longue, le port et le second hôpital. Trois projets structurants pour lesquels les mahorais ne comprendraient pas qu’ils aient été annoncés, et pas mis en œuvre. »
La vice-présidente du conseil départemental a souligné qu’il ne servirait à rien de parler de développement si l’insécurité et la lutte contre l’immigration clandestine ne sont pas réglées. C’était d’ailleurs la ligne de conduite du sénateur mahorais lors de ses interviews au Figaro et à Public Sénat : « J’ai répondu en disant que la solution est possible, il faut s’en donner les moyens. Les jugements sur les cas de reconnaissance frauduleuse de paternité y participent plus qu’on ne le pense, ainsi que mes amendements sur le droit du sol, et des moyens humains supplémentaires pour lutter contre l’insécurité et contre l’immigration clandestine.
Des annonces avaient été faites par le passé, et pas concrétisées, comme la mise en place d’une base arrière sur l’îlot Mtsamboro et une autre à Kani Keli. Ça implique une réorganisation, mais c’est indispensable pour bloquer les entrées le plus tôt possible. Parce que tant que le président Azali continuera à laisser partir les kwassa, ça ne pourra pas marcher. Ce qu’on attend de l’Etat et donc du préfet à Mayotte, c’est d’intercepter les entrées, et le ministre a indiqué que, à ce rythme, il y aurait 31.000 reconduites. Mais s’il y en a autant qui reviennent, cela ne sert à rien. »
Thani Mohamed Soilihi évoque « une bonne séquence », « nous les élus, sommes là pour aider à concrétiser les annonces. »
Anne Perzo-Lafond
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