2020 a été marqué par une “hausse des actes de violence qui ont contribué à accroître l’insécurité subie par les Mahorais », ont rapporté le préfet de Mayotte et le procureur de la République à l’issue de l’Etat major de sécurité de février. Les violences physiques crapuleuses, c’est-à-dire liées au vol, ont connu une très forte hausse, environ +50 % par rapport à 2019, +350 faits.
La plan d’urgence pour Mayotte issu du mouvement populaire de 2018 prévoyait la publication trimestrielle des chiffres de la délinquance, à destination des élus et des médias. Qui n’avait été appliqué que brièvement après cette décision.
Le préfet Jean-François Colombet met de nouveau en place cette diffusion avec le baromètre de la délinquance. Une infographie en deux parties.
La première compare les faits de la semaine, il s’agit du 22 au 28 février 2021 pour cette publication, avec la même semaine de l’année précédente. La deuxième mise en perspective porte sur la comparaison avec la moyenne hebdomadaire de faits constatés sur l’année 2020.C’est à dire qu’on retient le chiffre annuel des faits de délinquance que l’on divise par 52 semaines.
La démarche est intéressante, car elle permet de relativiser une flambée de violence qui se serait tenue sur une semaine, en comparant avec la moyenne hebdomadaire.
Et surtout, nous avons maintenant la différence entre la zone de sécurité couverte par la Police (la commune de Mamoudzou) et celle couverte par la gendarmerie, le reste de l’île, dont Petite Terre.
Les émeutes affolent les chiffres
Première tendance, celle de la diminution générale de la délinquance quelque soit la méthode retenue. Quand on la compare avec la dernière semaine de février 2020, elle baisse fortement, -51%, dont -77% en zone Police et 30% en zone gendarmerie, alors qu’elle est moins prononcée si on regarde la moyenne de l’année, -14%, marquée en zone police, -54%, alors qu’elle est en hausse en zone gendarmerie, +12%.
En clair, cette période de l’année en 2020 a été particulièrement marquée par la délinquance, beaucoup plus que le reste de l’année, ce qui explique cette atténuation par la suite. En effet, on se souvient des émeutes de Kawéni fin février 2020, qui avait embrasé le quartier, détruit des commerces, à la suite de la mort par balle d’un jeune, sur la descente SFR.
D’autre part, les deux périodes ne sont pas facilement comparables. Puisque en dehors de certains épisodes particulier comme actuellement à Koungou, on peut penser que le couvre-feu limite les actes de délinquance, avec une circulation routière réduite quasiment à néant le soir.
La seule variable en hausse est celle des cambriolages de domiciles. Elle est stable en zone police quand on compare les moyenne annuelle, mais en forte hausse hors Mamoudzou, en zone gendarmerie, +116%. Un secteur de délinquance qui avait baissé en 2020, et qui reprend donc.
Consulter le Baromètre de la délinquance à Mayotte – Semaine du 22 au 28 février 2021
Anne Perzo-Lafond
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