664 millions d’euros d’investissement, huit collèges, quatre lycées, autant d’internats et six cuisines centrales, les chiffres parlent d’eux mêmes : le projet immobilier du rectorat est colossal. Et on l’espère, à la hauteur des enjeux. Car pour la seule rentrée prochaine, quelques 3500 à 4000 élèves supplémentaires sont attendus sur les bancs de l’école. « Il faut bien sûr les accueillir avec des enseignants en nombre et bien formés, mais aussi dans un cadre et des locaux les plus adaptés possible », estimait ainsi en préambule le recteur Gilles Halbout, déterminé à « parler d’autre chose que du covid ».
Face à ce défi, la programmation se veut « pluriannuelle et très réactive », afin de répondre aux besoins présents et de préparer un avenir serein. Elle se veut aussi adaptée aux réalités du territoire « à ses petites entreprises, ses matériaux locaux, son climat et les enjeux de développement durable », rappelle Gilles Halbout. Voilà pour le propos liminaire.
Et place à « l’homme de la situation », selon les mots du recteur, pour détailler la « période stratégique 20119/2022 qui s’inscrit pleinement dans le cadre de convergence », avec Blaise Tricon, le directeur de l’immobilier et de la logistique au rectorat.
Internats et cuisines centrales autour des pôles des métiers
Pour cette programmation, 334 millions d’euros sont mobilisés. Le tout « dans une stratégie de structuration et de maillage du territoire », comme l’explique le cadre à l’appui d’une présentation Powerpoint. Un maillage qui s’inscrirait autour de pôles des métiers et leurs lycées afférents. Dont celui du bâtiment à Longoni, prévu pour 2024, qui vient annoncer la couleur de ce vaste chantier. Chaque pôle sera également doté d’un internat et fourni par une cuisine centrale. Un dernier enjeu « crucial car encore beaucoup d’établissements ne fournissent pas encore de repas chauds à leurs élèves ». La première d’entre elle, logiquement, ouvrira donc à Longoni en 2024 et devra produire quelques 5 200 repas par jour. Suivra la même année celle de Kawéni, deux fois plus productrice pour permettre de livrer les établissements du primaire que du secondaire.
De quoi mettre l’eau à la bouche alors que ces équipements font encore cruellement défaut au territoire. Où les promesses de fournir ces repas aux élèves se sont succédées sans jamais se concrétiser. Mais aujourd’hui, on veut montrer qu’il ne s’agit plus là de mirage. Même si la crise sanitaire « a forcément un peu retardé les dossiers », on rappelle que ceux-ci en sont encore majoritairement au stade des études, mais on assure que les délais seront tenus. Avec un argument : « on parle souvent de manque d’ingénierie à Mayotte, mais aujourd’hui l’ingénierie est là», fait ainsi valoir Blaise Tricon. En interne par des recrutements et en externe avec le soutien de cabinets comme Algoé ou Setec.
BTP : un vivier local encore incertain
Reste à ce que les entreprises, de préférence locales, arrivent à suivre le rythme. « C’est un véritable enjeu que les entreprises du territoire suivent, investissent, créent de l’emploi pour nous permettre de construire ces établissements dans des coûts et des délais raisonnables », concède le cadre du rectorat. « Mais on informe les entreprises pour les préparer à cela, pour qu’elles se tiennent prête à répondre à cette envolée de la commande publique », explique-t-il. Et si cela ne suffisait pas ? « On actionnera certainement certains leviers comme faire appel à des entreprises pour qu’elles s’installent à Mayotte car on ne va pas se mentir, on a sur certains secteurs des monopoles ou des duopoles qui rendent complexe l’idée de sortir un projet dans des couts et délais raisonnables », répond « l’homme de la situation ».
Nous reviendrons prochainement en détail sur quelques projets phares de cette programmation.
G.M.
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