28.9 C
Dzaoudzi
mardi 30 avril 2024
AccueilorangeLa réa du CHM « tous les jours au bord de la rupture »

La réa du CHM « tous les jours au bord de la rupture »

Malgré les renforts matériels et humains déployés sur place, seules les évacuations sanitaires quotidiennes vers La Réunion permettent au service de réanimation du CHM de faire face, tant bien que mal, à l’afflux de patients atteints du coronavirus.

« On est en permanence sur le fil, tous les jours on pense pouvoir atteindre notre point de rupture ». Face au terrible constat dressé par le docteur Blondé, on s’imagine aisément son service de réanimation en ébullition face à la tempête. Et pourtant, c’est un silence pesant qui règne dans ce couloir de tous les enjeux. Il y a bien le bruit des machines, le bip des constantes et le grincement des souliers en plastique des soignants pressés. Mais derrière les masques, les bouches restent closes. Le regard, lui, est grave, concentré et ne se pose que pour répondre à la tâche : sauver des vies. C’est ainsi que l’on affronte une tempête, semble-t-il. Car la tourmente est bien présente, au contraire d’une perspective d’accalmie.

« Ce qui nous a surpris, c’est la violence de la vague, il y a un mois j’avais zéro patient Covid dans mon service, un mois plus tard on a envoyé 37 patients réa à La Réunion, 23 sont dans le service, sans compter ceux qui sont sortis ou décédés », expliquait ce vendredi, après quatre départs en évasan, le chef de service, devant la porte d’une patiente. Face à cet afflux de patients, 16 lits de réanimation ont pu être mis en service grâce aux renforts du service de santé des armées et de la réserve sanitaire. « Sans eux, je ne sais pas comment on ferait, ce serait vraiment la merde », lâche le médecin.

“Alors que l’on croyait encore à une immunité collective ces huit derniers mois où le virus n’a pas cessé de circuler mais de façon stable, fin janvier, on a eu un espèce de mur devant nous. On sait maintenant que c’est dû au variant sud-africain”, explique Renaud Blondé, chef du service réanimation du CHM.

Mais il a fallu trouver de la place. La salle de réveil s’est ainsi transformée en service de réanimation, où six patients sont allongés côte à côte, séparés par un maigre panneau. « Je pense que ça montre bien la gravité de la situation », lance le docteur Blondé avant d’ouvrir la porte. « Partout ailleurs, ce genre de chose serait inimaginable, mais on a pas le choix. Déjà qu’en temps normal on est clairement sous-dotés, alors en crise Covid… »

Un « mur épidémique dont on ne voit pas le bout »

« Pas le choix », les mots reviennent en boucle. Comme pour expliquer qu’un grand nombre de patients actuellement en médecine seraient déjà en réanimation dans un autre hôpital. « En fait on les prend malheureusement au dernier moment… C’est parfois limite pour les transferts mais on a pas le choix, on a pas assez de place ». Pas le choix non plus que de déprogrammer toute intervention, sauf urgence vitale, quitte à créer « des véritables bombes à retardement après la crise ». Pas plus le choix pour les évacuations sanitaires, « forcément risquées pour un patient en réanimation qui doit en principe ne pas quitter sa chambre ».

Et ce sont elles, justement, qui permettent au service de ne pas sombrer. « Sans ça on aurait des dizaines et des dizaines de morts, heureusement que nos collègues de La Réunion sont là et qu’ils ont compris la gravité de la situation », commente Renaud Blondé. Car les solutions de secours face à « ce mur épidémique dont on ne voit pas le bout » se font rares. Rejoints dans leur salle de staff par le docteur Blondé, Alain et Philippe, tous deux anésthésistes-réanimateurs du service de santé des armées font le bilan des voies de recours.

« On ne peut qu’espérer que La Réunion ne subisse pas le même sort que nous »

Pour Alain, médecin chef des services, il ne faudrait pas compter sur un nouveau renfort militaire. « On a déjà réévalué la mission pour armer dix lits et mobiliser 53 personnels (dont sept médecins et 37 paramédicaux), je ne pense pas qu’on puisse faire plus car on a aussi nos hôpitaux à faire tourner et du monde déployé à droite à gauche, comme au Mali », estime-t-il. « On pourrait tenter de monter 4 lits aux urgences mais trois étages plus pas, c’est du dégradé de chez dégradé », ajoute son confrère civil. « On ne peut qu’espérer que La Réunion ne subisse pas le même sort pour que l’on puisse continuer à leur envoyer des patients. Ou tout au moins en décalé », fait de son côté valoir Philippe, au grade de médecin principal.

Car à raison de quatre patients mahorais reçus par jour, malgré ses plus grandes capacités, la Réunion ne pourra continuer indéfiniment à jouer le respirateur artificiel pour sa petite sœur. « C’est tout le problème, on ne sait pas quand sera le pic », rappelle Alain, même si l’ARS voudrait tabler sur la mi-mars. « Ça nous permettrait d’envisager le bout du

Le service de réanimation tente malgré tout de garder quelques lits de libres pour les patients hors covid.

tunnel même s’il y a une énorme inertie entre le début de la décroissance et la réalité en réanimation car ce sont souvent des hospitalisations d’un mois », poursuit Renaud Blondé.

Ouvrir un gymnase comme c’est envisagé ne créerait pas plus de place en réa. Alors on se force, tant bien que mal, à imaginer la possibilité de cette option du gouvernement : affréter un Boeing 777, au départ de La Réunion piste trop courte oblige, pour un transfert massif de patients vers la métropole. « Ce serait du jamais vu, c’est techniquement extrêmement compliqué et très risqué pour les patients. Si on a eu la chance de ne ne pas avoir de casse avec les evasan vers La Réunion en huit heures porte à porte, ce ne sera pas la même donne avec 17 heures de transfert », prévient le chef de service du CHM. « Mais peut-être qu’on n’aura pas le choix ».

G.M.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...