30.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeCovid : Qui teste trouve, une question de méthode

Covid : Qui teste trouve, une question de méthode

L’épidémie que nous traversons, ou qui nous traverse plutôt, évolue rapidement. Nécessitant d’adapter les modalités de dépistage, afin de refléter au mieux la situation. Il faut aller vite, car le variant sud-africain bouleverse la donne.

Les bulletins de l’ARS Mayotte se suivent et se ressemblent, imitant de mauvaises copies d’élèves, barrées de flèches rouges, témoin d’une hausse des indicateurs. Mais il y a des variables non négligeables à intégrer. Le nombre de personnes testées par exemple. Si, comme ce fut le cas début janvier, ce nombre augmente dans la même proportion que le nombre de tests positifs, on ne peut pas parler d’aggravation de circulation, mais de l’application de l’adage, « quand on cherche, on trouve ».

Et il y a des situations où on trouve plus que ce que l’on cherche. C’est le cas du dépistage dans un cluster : sur 20 personnes testées, on a davantage de chance de tomber sur des cas positifs, que sur la même opération effectuée au hasard dans la rue.

Nous avons donc contacté l’ARS Mayotte pour connaître le profil des personnes dépistées actuellement.

Mêmes s’il a diminué ces derniers jours, le taux de dépistage reste élevé, autour de 2.800 pour 100.000 habitants, « nous sommes un des départements les plus testés ». L’inflation des tests début janvier peut s’expliquer par une évolution du mode de dépistage. Tout d’abord, « nous utilisons proportionnellement moins les PCR, et davantage les tests antigéniques.» Avec des résultats obtenus plus rapidement, ils permettent de gagner du temps sur les dépistages des cas contacts. Ces derniers ayant également plus de chance d’être positifs que la moyenne des habitants.

test, PCR, antigénique, ARS, écouvillon, covid, Mayotte
Désormais tous les tests négatifs sont pris en compte

Les urgences pèsent dans la balance

Autre variation notable et susceptible de modifier les données, celle du profil des personnes détectées : « Nous avons beaucoup moins de tests de voyageurs et davantage de tests pratiqués aux urgences. » La probabilité de trouver des cas positifs chez les voyageurs était plus faible, alors qu’elle grimpe en flèche aux urgences. Ce qui peut expliquer la flambée du taux de positivité.

C’est pourquoi l’ARS va chercher ailleurs voir si le virus y est. « Nous avons dépisté ce mardi à Vahibé et à Acoua pour voir si le virus circule dans ces zones ».

Mais le plus gros impact sur le taux de dépistage, fut la modification depuis décembre des méthodes utilisées, indique Santé Publique France. Auparavant, dans le calcul des indicateurs étaient prises en compte uniquement les personnes testées positives pour la première fois depuis le 13 mai et celles testées négatives pour la première fois depuis le 13 mai. Ainsi, étaient exclues les personnes multi-testées négatives avec comme conséquence une sous-estimation croissante au cours du temps du nombre de personnes testées. Ce qui semble logique, mais qui conduisait à une sous-estimation du taux de dépistage et donc à une surestimation du taux de positivité. Aujourd’hui, on comptabilise les personnes ayant eu un test ou plus pendant 7 jours, et qui n‘ont jamais été testées positives dans les 60 jours précédents, et les personnes re-testées positives pour la première fois depuis plus de 60 jours (cas de réinfections, « très rare mentionne Santé publique France »). Cette nouvelle définition a mécaniquement augmenté le taux de dépistage, cela s’est vu dans les chiffres notamment à Mayotte, et induit une diminution du taux de positivité. Ce fut le cas en janvier, mais la flambée épidémique de ces derniers jours l’a fait remonter en flèche.

La réinfection, un sujet fragile

Variant sud-africain, Mayotte, ARS, Covid
L’arrivée des amorces de séquençage permettra d’être plus réactif sur la détection du variant sud-africain, a fait valoir Dominique Voynet

Cette évolution intègre donc un délai de 2 mois avant de considérer qu’une personne est de nouveau positive. Il permet de mettre en évidence avec davantage de certitude les éventuelles et très rares réinfections. Pour l’ARS, « il n’y a pas de réinfection à Mayotte, et on compte un seul cas lié au variant sud-africain en France. Il est actuellement étudié pour sa gravité ». Quatre mois après une infection bénigne au Sars-CoV-2, un homme a été de nouveau diagnostiqué positif à Paris, avec présence du variant Sud-Africain. Il développe un syndrome de détresse respiratoire aigüe. « Il se peut qu’il n’ait pas développé assez d’anticorps lors de la 1ère infection, et qu’il ait pu de nouveau être contaminé avec le variant ». La plupart des scientifiques s’accordent pour dire que ce phénomène de réinfection demeure rare.

Pourtant, du côté de Santé publique France, on n’est moins catégorique sur l’absence de réinfection à Mayotte, « nous avons plusieurs cas suspects à l’étude », nous indique Marion Subiros. Plusieurs classifications sont utilisées : « le cas peut être suspect, possible, probable ou confirmé selon les critères auxquels il répond ».

Une étude sur les personnes en échec vaccinal

A Mayotte, cette mutation du virus qui pourrait re-contaminer, est suivie de prés, puisque les derniers relevés passés par l’Institut Pasteur font état d’une présence à 70% des infections, du variant sud-africain, indiquait ce mardi Dominique Voynet. « Nous maitriserons davantage l’ampleur de sa présence dès que nous recevrons les amorces de séquençage permettant de le dépister à Mayotte », avait indiqué la directrice de l’ARS Mayotte, en l’envisageant pour mi-mars en conférence de presse.

Enfin, une autre étude est lancé par Santé Publique France, rapporte toujours Marion Subirons, « nous allons nous pencher sur les personnes qui pourraient être en échec vaccinal, c’est à dire qui ferait une infection après l’injection de la 2ème dose du vaccin, alors que les défenses immunitaires sont censées avoir été activées. »

En conclusion pas très rassurante, rappelons qu’en raison du peu de recul sur une épidémie qui a à peine plus d’un an, une question essentielle demeure sans réponse : la durée de l’immunité, après contagion ou après vaccin. Evaluée sans certitude entre 6 et 8 mois par les dernières études, elle évolue en permanence. Avec comme seul espoir une fragilisation du virus, car l’immunité collective ressemble du coup de plus en plus à un mirage.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...