Près de 15 ans après le lancement des premières réflexions sur le projet, et plus de 4 millions d’euros dépensés, le pôle d’excellence rural de Coconi est enfin sorti de terre. Ce lundi le préfet, le président du conseil départemental et le maire de Ouangani étaient au rendez-vous pour inaugurer les locaux qui ne demandent plus qu’à être occupés.
La finalisation de ce projet a une grande ambition : redonner ses lettres de noblesse à l’ylang-ylang, joyau vert de Mayotte. Alors que la concurrence des îles voisines est rude en raison d’une compétitivité très forte sur le coûte de la main d’œuvre, le Département de Mayotte fait le pari de la technicité pour se démarquer. Au pôle d’excellence rural, il ne s’agira pas seulement de cultiver de l’ylang-ylang dans le jardin du site.
Plusieurs bâtiments ont chacun vocation à valoriser cette ressource naturelle à leur manière. Dans le premier, les visiteurs -puisque ce bâtiment, qui fait l’objet d’une convention avec le comité de tourisme, sera ouvert au public- découvriront un point dégustation et une boutique mais aussi un espace muséographique surprenant sur la fleur phare de l’océan Indien. L’exposition va des timbres représentant des plantations aux couvertures des romans Bob Morane de Henry Vernes qui avait donné le nom “Ylang-ylang” à une de ses “méchantes”, en passant par des stands interactifs et une surprenante statue de métal. Sans oublier les produits dérivés de la précieuse fleur. De quoi ressortir convaincu que jamais les autorités n’auraient dû encourager l’arrachage des plants d’ylang, au point que seuls quelques producteurs s’y accrochent encore tant bien que mal, en comptant sur le tourisme pour se maintenir à flots. Et c’est aussi le pari fait par le pôle d’excellence rural, en associant le comité de tourisme aux autres bâtiments, plus confidentiels.
Dans l’un notamment se trouveront des salles de laboratoire d’analyse, et un alambic est aussi prévu pour la distillation d’huiles essentielles.
Mais pour le président Soibahadine Ibrahim Ramadani, le projet va plus loin. “Il s’agira tout particulièrement de faire émerger sur le territoire, un 3ème pôle d’activité, après Mamoudzou/Petite-terre et Longoni/Dzoumogné. Les services du Conseil départemental seront aussi concernés avec la construction future sur ce site d’un bâtiment réservé aux activités sociales” indique le chef de l’exécutif local. “Il y émergera aussi à terme, un pôle dédié aux activités agricoles et naturelles, appelé Agropolis, intégrant un abattoir de volaille, une cuisine centrale, un internat pour le lycée agricole et un pôle d’échanges multimodal”. A terme, l’ambition du Département est de dynamiser une véritable ” zone d’attractivité économique et touristique” mais aussi de se distinguer des voisins sur un domaine où ces derniers excellent : le parfum.
“Avec ce Pôle d’Excellence Rurale, nous avons l’ambition de fortifier un agropole local pour Mayotte, avec la mise en place d’un outil au service des producteurs pour un maintien des emplois liés à la production (…) l’affichage de l’excellence et la spécificité mahoraise par rapport aux autres pays producteurs, en termes d’innovation dans le domaine des plantes à parfum et la recherche de nouveaux procédés de distillation sur les autres produits comme le jasmin” mais aussi “la préparation aux formations supérieures dans le domaine des plantes remarquables en partenariat avec les chercheurs et les universitaires” poursuit le président Soibahadine qui y voit un potentiel de développement pour le centre de Mayotte, “connu comme étant le grenier” du département.
Pour le préfet Jean-François Colombet ce centre “est une promesse pour le territoire où il va jouer un rôle majeur. C’est une promesse pour une filière importance à Mayotte qui a une histoire et qui pourra peut-être se développer à nouveau grâce à cet outil, et c’est une promesse pour les agriculteurs qui pourront valoriser leur production et augmenter leurs revenus. Il faudra désormais tenir la promesse en complétant les investissements. On se souvient qu’il y a 40 ans, la filière Ylang c’était 1000 hectares à Mayotte. En 40 ans on a divisé par 10 le potentiel de production. Il va falloir replanter, ça a commencé puisque 15 hectares ont été plantés ces 10 dernières années.
“C’est une belle promesse, nous nous engageons à la tenir. Nous sommes dans une phase de développement de Mayotte, et ça passe par la filière agricole, par la protection des tortues, par tout ce qui fait que Mayotte a un patrimoine, un savoir faire et qui doit être préservé et développé pour permettre aux jeunes Mahoraises et Mahorais de travailler sur ce territoire”, concluait-il.
Y.D.
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