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vendredi 19 avril 2024
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Lien direct entre délinquance et immigration : « Le préfet ne fait que se rallier à mon opinion », juge le sénateur Thani Mohamed

Le préfet Jean-François Colombet avait tenu des propos fracassants pour un représentant de l’Etat sur le plateau de Mayotte La 1ère, évoquant un lien de cause à effet entre immigration clandestine et délinquance, « Ce n’est pas politiquement correct de le dire mais je le dis : il y a un lien direct entre l’arrêt de l’éloignement des clandestins (depuis le 16 mars, ndlr), et la flambée de violence que nous avons connu récemment ». Le sénateur mahorais LREM Thani Mohamed Soilihi en revendique la paternité, et s’en explique.

Vous avez donné une interview au site Public-Sénat où vous liez violences et immigration clandestine, quelques jours après les déclarations médiatiques du préfet de Mayotte. Un timing calculé alors que c’est habituellement le député Kamardine qu’on entend sur ce sujet ?

Thani Mohamed Soilihi : « Cela fait des années qu’on fait ce lien à Mayotte. Je ne peux que me réjouir que le préfet se rallie à mon opinion. Maintenant, il faut qu’il en tire les conséquences et qu’il agisse. »

Etes-vous en train d’expliquer que les immigrés clandestins sont des délinquants en puissance. Beaucoup se sont construits grâce à Mayotte et s’y sont investis…

Thani Mohamed Soilihi : « Évidemment, non. Je dis que plus de la moitié de la population est étrangère à Mayotte, c’est le seul territoire de France où un tel problème de souveraineté se pose. Et on atteint une telle proportion d’étrangers en situation irrégulière, plus du quart de la population, qu’il devient impossible d’offrir un toit décent à tout le monde. Beaucoup vivent dans une extrême précarité qui les plonge dans la délinquance pour se nourrir. Ils deviennent vulnérables, et peuvent être utilisés dans les mouvements sociaux comme nous venons d’en connaître cette semaine.
Le fait d’entrer clandestinement sur un territoire est déjà un délit, s’accaparer des terrains qui ne sont pas les siens, en est un autre. Cela débouche sur une absence de respect de la loi.
Je ne vais pas rappeler les violences qui émaillent l’île maintenant régulièrement, l’agression invalidante d’un candidat aux municipales en février, les agressions subies par les soignants du dispensaire de Kahani en juin, et le 15 août à Kawéni, le pillage et le saccage par une bande de jeunes…
Je pense d’ailleurs que les habitants issus de l’immigration, comprennent ce que je veux dire et en sont les victimes. Je ne comprendrais pas qu’ils se sentent visés. »

Covid, prison, Mayotte
Le centre pénitentiaire de Majicavo connaît un taux de fréquentation de 120% sous l’effet de la délinquance

Pourtant, il était communément admis que seulement la moitié des personnes incarcérées à Majicavo étaient d’origine étrangère.

Thani Mohamed Soilihi : « C’est de moins en moins vrai. Beaucoup de faits sont commis par des étrangers en situation irrégulière. Ce qui me choque, c’est la banalisation de cette déclaration. Même s’ils étaient à l’origine de seulement 10% des faits délictueux, ils n’ont pas à venir pour rajouter encore à une situation de délinquance déjà chargée. J’aimerais qu’on regarde la réalité en face, et qu’on arrête de s’excuser pour tout à Mayotte. Il faut presque s’excuser d’exister ! »

Nous sommes dans une période pré-électorale, avec des sénatoriales sur le plan national qui approchent à grand pas, le 27 septembre. Faut-il y voir le marqueur de votre position ?

Thani Mohamed Soilihi : « Mayotte ne sera concernée que dans 3 ans par les sénatoriales, mais mon propos n’a jamais évolué. Et je rappelle, qu’au départ, peu de maires de la précédente mandature étaient estampillés La République En Marche. Les choses peuvent donc changer… »

Etes-vous toujours un homme de gauche ? Etes-vous toujours celui qui a créé Tama* ?

Lorsqu’il en était président, Thani Mohamed a plaidé pour l’ouverture d’un centre de placement éducatif pour les jeunes

Thani Mohamed Soilihi : « Je fais vivre les idées de gauche. Il fallait justement prendre en charge ces enfants livrés souvent à eux-mêmes sur le territoire, alors que rien n’était mis en place. Par contre, je suis quand même celui qui est parvenu à modifier le droit du sol ! J’affronte la réalité les yeux dans les yeux, en cherchant les solutions les plus pragmatiques en fonction de ce que nous permet la loi. Et je le redis il faut stopper cette immigration clandestine. »

Justement, certains vous reprochent d’avoir créé des apatrides avec vos amendements au droit du sol**. On parle des enfants nés à Mayotte mais qui ne pourront devenir français en raison de la situation de leurs parents.

Thani Mohamed Soilihi : « Ils ne sont pas apatrides. Un enfant né comorien reste comorien. Les Comores reconnaissent le droit du sang, et la Constitution comorienne estime que Mayotte est comorienne.
Au contraire, l’information commence à circuler sur l’impossibilité désormais pour les enfants nés sur le territoire dans ces conditions, de devenir français. Mais il faut médiatiser la chose, le conseil d’Etat avait insisté pour qu’une campagne soit menée dans ce sens. Sans cette action, il sera difficile de mesurer l’impact. J’attends les remontées des fichiers d’état civil qui tardent à venir. »

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

*Association de protection de l’enfance et de lutte contre l’exclusion, devenue Mlézi après sa fusion avec Toioussi au sein du groupe SOS

** Un enfant ne pourra demander la nationalité française que si au moins un de ses parents est en situation régulière sur le territoire dans les trois mois précédents s naissance

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

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