Les médecins s’alarment devant leurs cabinets à moitié vidés de leurs patients : « Ceux qui sont suivis pour des maladies chroniques ne viennent plus. C’est problématique car cela les fragilise face au virus, et ensuite, nous pourrions nous retrouver avec des cas plus graves au sortir de la crise du Corona », nous alerte l’un d’eux.
Les médecins hospitaliers travaillant en dispensaires font la même réflexion, « ils ont peur d’attraper le Coronavirus », constatent-ils. Sur son site, l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, se veut rassurante : « Si vous êtes atteint par d’autres pathologies, ne négligez pas votre santé. Même pendant le confinement, les professionnels de santé continuent de vous soigner dans des conditions sécurisées. » Il est conseillé de contacter son médecin, de se rendre dans un centre de référence ou d’appeler le 15 en cas d’urgence.
Sont concernés les malades chroniques avec risques de complication, comme le diabète, ou l’hypertension, ainsi que ceux qui sont soignés pour des maladies infectieuses, cardio-vasculaires, ou d’autre pathologies nécessitant un suivi indispensables.
Ma consultation sur Whatsapp
Certains professionnels de santé peuvent proposer à leurs patients une téléconsultation, indique la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM), « cette solution permet la continuité des soins tout en limitant les risques de propagation du coronavirus. »
Une solution qui s’adresse aux patients connectés et qui devront auparavant caller le rendez-vous de téléconsultation avec le médecin. « La prise en charge à distance n’implique pas d’échanges de données médicales, elle peut donc se faire sans être équipé d’un logiciel spécifique de téléconsultation. Il suffit d’utiliser des applications vidéo telles que Skype, Whatsapp, Facetime », informe la CSSM.
Le suivi à distance des patients atteints du Covid-19 par téléphone, est possible par dérogation, « si les équipements du patient et de l’infirmier ne permettent pas un échange vidéo ». La prise en charge à distance concerne les primo consultants pour le Covid ou des personnes atteintes de forme non sévère.
La sécurité sociale informe que jusqu’au 30 avril 2020, ces téléconsultations sont prises en charge à 100% par l’Assurance maladie. Le patient n’a donc rien à régler sauf si le médecin ne pratique pas le tiers payant ou dans le cas de dépassements d’honoraires. Le paiement se fera en ligne, ou par virement ou plus tard par chèque. En fonction de ces cas, la feuille de soins sera soit envoyée directement à la caisse d’assurance maladie du patient, soit à son adresse, charge à lui de la transmettre ensuite.
Les pharmacies des dispensaires fermées
Dans le cas où une ordonnance est délivrée, le médecin peut la transmettre par mail sécurisé à la pharmacie du patient, ou par voie postale. Si les pharmaciens libéraux sont actuellement ouverts, avec une liste de garde les week-ends, c’est plus compliqué pour les pharmacies des dispensaires. Elles sont fermées, et ne délivrent les médicaments que sur recommandation du médecin. Par ailleurs, rappelons que seuls les dispensaires de Koungou et Mtsapéré sont ouverts. Ainsi que les centres de référence de Dzoumogne, Mramadoudou, Kahani et Dzaoudzi. Les personnes qui ne sont pas outillées pour la téléconsultation, peuvent donc s’y rendre. A Jacaranda, une filières spéciales a justement été ouverte pour les maladies chroniques, sans rendez-vous.
Une double entrée est également mise en place aux urgences, avait annoncé Dominique Voynet, pour séparer les suspicions de Covid, des autres.
Et bonne nouvelle, pour éviter tout déplacement supplémentaire, une ordonnance délivrée pour maladie chronique, ou dans le cas d’anxiolytiques ou de substitution aux opiacés, dont la validité est dépassées, est automatiquement reconduite jusqu’au 15 avril 2020, date annoncée comme la fin de l’état d’urgence.
Dans ce cas, les infirmiers sont également autorisés à poursuivre leurs soins jusqu’à la même date, lorsqu’ils touchent à une affection de longue durée, ou à la prescription de dispositifs médicaux, ou au suivi de la prise médicamenteuse pour les patients atteints de troubles psychiatriques et de troubles cognitifs, ou enfin, de soins infirmiers à domicile pour un patient, quel que soit son âge, en situation de dépendance temporaire ou permanente.
Anne Perzo-Lafond
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