Le groupement de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) a mené une première mondiale en équipant des hérons crabiers blancs de balises GPS ultra-légères pour mieux connaître et protéger cette espèce dite “parapluie”, car sa survie est liée à celle de tout un écosystème : les zones humides de Mayotte. Entretien avec Emilien Dautrey, directeur du Gepomay
On parle souvent du crabier blanc, par quoi est-il menacé et pourquoi est-il important de le protéger ?
“Le crabier blanc, c’est un oiseau qui est rare et menacé à travers le monde puisqu’il ne se reproduit qu’à 4 endroits dont Mayotte. Ce qu’on constate c’est que sa population est en diminution, on en voit de moins en moins, notamment à Madagascar.
Il est menacé par la disparition de son habitat, les zones humides, et par le braconnage.
On étude cette espèce car on ne veut pas qu’elle s’éteigne, et en protégeant l’habitat du crabier blanc, c’est tout un écosystème qu’on protège, c’est ce qu’on appelle une espèce parapluie.
Pourquoi cette opération de balisage qui est selon la LPO, “unique au monde” ?
On a très peu d’informations sur le crabier. Est-ce que beaucoup d’individus migrent hors de Mayotte ? On sait que certains individus hivernent en Afrique de l’est mais pour ceux de Mayotte on ne sait pas s’ils migrent vers l’Afrique de l’est, Madagascar ou ailleurs. Au niveau local, on aimerait savoir si les individus d’une même colonie se nourrissent toujours au même endroit, s’ils sont territoriaux, ont une zone de prospection ou vont partout à Mayotte pour s’alimenter. Est-ce que c’est toujours les zones humides ou pas ? Grace au balisage on peut connaître tous leurs déplacements. Cela permettra aussi de savoir si chaque année ils reviennent à la même héronnière.
Tout cela, ça peut permettre de mieux les protéger.
Comment avez-vous procédé ?
Ça demande pas mal de temps, ça nous a pris 11 jours. Cette opération était une première mondiale. A titre expérimental, on a décidé dans un premier temps d’équiper 6 crabiers. D’ici la fin de ce projet européen on aimerait en équiper 15 pour avoir des résultats statistiques qu’on puisse analyser. Ce qu’on a posé, ce sont des balises GPS dites UHF, qui permettent de récupérer les données en se plaçant à proximité avec une antenne, sans devoir les décrocher à chaque fois. Ainsi, dès la pose, on a pu récupérer les premières données. Ce sont des balises très légères qui ont un impact minime sur la vie de l’oiseau. Il est aussi possible à distance de re-paramétrer les balises. Là on est en phase de test. D’ici quelques mois on devrait avoir les premiers résultats.
Propos recueillis par YD
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