Nous nous étions étonnés d’un patinage du secteur croisière lorsque le Comité Départemental de Tourisme de Mayotte (CDTM) a annoncé ce week-end le prochain paquebot pour février. Et à peine après avoir fêté le début de la saison ce mardi 26 novembre ! Deux passages sur une saison, un constat qui fait regretter le temps jadis. Quand une vingtaine de paquebots touchaient l’île, sans compter le Royal Star, vieux petit paquebot au charme suranné qui aurait pu séduire Agatha Christie. Il effectuait à lui seul, une vingtaine d’escales, portant leur nombre à une quarantaine donc. Son départ à la casse a coïncidé avec un règlement de comptes entre réceptifs accueillant les croisiéristes, qui a sinistré pour longtemps le secteur.
Depuis, nous tournions à 5-6 escales, avec donc cette année, un seuil qu’on espère « plancher », de deux. Mais il y a de quoi s’inquiéter, comme nous le rapporte Michel Ahmed, directeur du CDTM : « Nous avons eu deux commandes fermes, deux annulations, il reste deux à confirmer ».
A l’entendre, les freins seraient régionaux, et toucheraient toute l’organisation des îles Vanille, Comores, Madagascar, ile Maurice, Mayotte, La Réunion, Seychelles : « Les croisiéristes invoquent des taxes élevées à Maurice, Mayotte et La Réunion, et une absence de sécurisation de l’approvisionnement alimentaire à Madagascar. Du coup, le directeur des Iles Vanilles a lancé une étude sur le produit croisière sur l’ensemble de la région. Elle devrait être bouclée pour la fin du 1er trimestre 2020 ».
Une croisière Mayotte-Maurice
L’image de Mayotte, que ce soit la propreté ou une réputation d’insécurité ne serait en tout cas pas en cause : « Nous avons eu un meilleur ressenti au contraire de la part des professionnels du tourisme au dernier Top Resa. Depuis les attentats, les français ne se sentent plus en sécurité nulle part de toute façon. Par contre, les opérateurs nous demande plus d’avions et plus d’hôtels ici. »
Cerise empoisonnée sur un gâteau déjà indigeste, le leader du secteur, Costa croisières se désengage de l’océan Indien après cette saison, « ils veulent se repositionner sur l’Asie. »
Une réflexion a été donc été menée au sein même de la région, « le concept de développement des Iles Vanille repose sur des mesures attractives pour les compagnies internationales. Mais nous n’avons jamais cherché à proposer des croisières régionales qui pourraient permettre aux habitants de nos îles d’en bénéficier, et qui pourraient booster le secteur. » Une idée qui a germé au Top Resa et que mène Pascal Viroleau, directeur des Iles Vanille. Des mini-croisières à la voile se font déjà depuis Mayotte vers Madagascar ou les Comores, en catamaran.
Mayotte pourra aussi être force de proposition lorsque sera bouclé un Schéma du développement touristique revisité, avec l’appui des offices de tourisme des intercommunalités, particulièrement ceux du Centre et de Petite Terre, déjà opérationnels.
Anne Perzo-Lafond
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