Ce n’est pas qu’une brève de comptoir à Mayotte, hélas : chaque année il fait un peu plus chaud, et c’est monsieur météo qui le dit. Avril 2016, « le plus chaud jamais enregistré », avions-nous titré, juin 2017, « record pulvérisé », octobre 2017, « inflation de chaleur », les superlatifs s’essoufflent et les métaphores commencent à manquer, alors que 2019 continue sur ce rythme.
« Depuis 2015, les températures maximales sont supérieures aux normales. Cette année, nous les dépassons de 1,25 degré en moyenne », relate Laurent Floch, directeur de l’antenne de Météo France à Mayotte. Tous les mois de 2019 sont en positif, « particulièrement en avril, +1,7°, et avec un dépassement identique pour ce mois d’octobre. »
Les habitants le ressentent, « il fait chaud ! », et si en zone tropicale la sentence est tellement banale qu’on prête à peine l’oreille, on a tous constaté avoir déclenché la clim plus tôt que les autres années. Des relevés qui s’expliquent: « Le dépassement des moyennes saisonnières est à relier au réchauffement climatique mondial, mais aussi à l’élévation de la température de l’eau provoquée par El Niño », fait observer Laurent Floch. Cet échange de température des masses d’eau dans l’océan Pacifique couplé avec le dipôle de l’océan Indien, fait monter la température de la mer de 1 à 2 degrés dans notre zone, ce qui se transmet à terre, heureusement, moins que proportionnellement, « nous enregistrons 0,5° à 1° de plus ». Ce début du mois de novembre ne fait pas exception, « nous dépassons chaque jour en moyenne de 1,1° ».
Madagascar nous abreuve
Et qui dit chaleur, dit évaporation, dans les retenues collinaire comme dans les cours d’eau lorsque le couvert forestier est insuffisant. Un sujet que ne maitrise pas notre monsieur météo local, « c’est le domaine de la DEAL », mais il nous livre les prévisions mensuelles et saisonnières.
Et ce mois de novembre s’annonce à la fois plus chaud, « de 0,5 à 1 degré », et plus pluvieux « d’ici le 9 décembre » que les autres années. Ce sont en réalité des pluies des mangues tardives, « liées aux orages touchant Madagascar et qui voyagent vers notre île grâce aux alizées ». En quête de nuages et de pluies pour le territoire, les regards sont donc tournés vers la Grande Ile.
Quant aux prévisions saisonnières, qui se sont affinées dans notre zone depuis 3 ans, la tendance est à davantage de précipitations jusqu’en janvier, « une nouvelle prévision sera effectuée à la fin du mois ». Les températures elles, restent immanquablement en « anomalie positive », c’est à dire que le mercure va continuer à grimper.
Anne Perzo-Lafond
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