Il était peu probable que hors les murs de notre territoire, les usagers de l’aérien se plaignent contre les prix des billets d’avion, la concurrence y étant implantée. En réalité, leurs liaisons régionales sont elles aussi impactées par le monopole de la compagnie à Mayotte. En tout cas, c’est ce qu’estiment les usagers Réunionnais et Malgaches, qui viennent se greffer aux Mahorais.
Un Collectif Echange Sans Frontières Indian Océanie, le CESFIO, vient de se créer, unissant les voix des usagers des trois territoires. L’enjeu est de taille font-ils savoir, puisque La Réunion, Mayotte et Madagascar appartiennent au concept des Iles Vanilles, destiné à faciliter les échanges touristiques régionaux… dont le frein principal reste le prix du billet d’avion.
L’idée de fédérer les énergies vient de la mobilisation du 15 juin, « organisée par l’association RE-MAA, ‘Réunion-Mayotte en Action’ », nous explique la porte-parole du CESFIO, Amina Lihadji Djoumoi, qui réside à La Réunion : « Lorsque les usagers sont descendus dans la rue pour manifester contre le monopole d’Air Austral ce jour là, beaucoup de sympathisants se sont fait connaître. Un collectif d’associations malgaches nous a rejoint, puis les Réunionnais ».
Des plateaux repas envolés
Les premiers constatent une hausse des prix depuis le départ de Corsair, « depuis qu’Air Austral a pris des participations dans la compagnie malgache, les prix des liaisons intérieures sont plus chers, et celles vers Mayotte sont devenues hors de prix. » Si à La Réunion la concurrence est présente sur les grandes lignes, notamment avec French Bee, sur les lignes régionales, le reproche est tenace : « Des chefs d’entreprise qui sont implantés dans les trois territoires sont confrontés à des hausses des coûts de l’aérien. » On trouve notamment Théophane Narayanin, qui connaît bien la compagnie puisqu’il en est actionnaire, et ancien membre de son Conseil de surveillance.
A l’issue de la manifestation du 15 juin, un courrier avait été remis aux ministères parisiens et au préfet de La Réunion, et cette fois, le CESFIO prépare une grande manifestation devant l’aéroport de Saint-Denis, le 2 octobre. « Les deux principales revendication sont les tarifs et la piste longue pour Mayotte, rapporte Amina Lihadji Djoumoi, mais les malgaches ont aussi des doléances autres que les tarifs, puisque leurs plateaux repas auraient disparu sur les liaisons régionales. »
Le CESFIO reproche enfin à la compagnie réunionnaise, d’oublier systématiquement Mayotte. En prenant comme exemple la déclaration de Marie-Jospeh Malé dans nos colonnes, qui nous expliquait que les “Rendez-vous du vendredi” existaient déjà à La Réunion, la porte-parole interroge : « Pourquoi à l’époque ne les a-t-il pas lancé en même temps sur les deux départements ?! »
Anne Perzo-Lafond
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