Ouvert il y a quelques mois, le restaurant fait déjà couler de l’encre. Nous avons été interpellés par Souoi Mze Ali, adjointe au maire, qui évoquait l’incompatibilité entre son emplacement et le futur parking de bus scolaire, « des cadres du département ont interpellé le maire pour lui demander de ne pas donner l’autorisation de construction. Mais il l’a délivré depuis un an. Or, une commission du conseil départemental est passée lundi dernier pour expliquer que le restaurant ne pouvait pas rester là ».
Nous avons pris attache avec le service foncier du Département, qui après des recherches nous déclare qu’il n’y aurait « pas de gêne à conserver le restaurant ». Saïd Salime, cabinet du président du conseil départemental, qui s’était rendu sur place et avait émis des doutes sur la compatibilité entre les deux projets, se range derrière l’avis de son service : « J’ai déjà alerté le représentant de la commune lors de la dernière commission du patrimoine, il nous a assuré que cela ne devrait pas gêner les travaux d’aménagement du parking. » Beaucoup de conditionnel donc, mais le vice-rectorat est sur la même longueur d’onde, « le restaurant de la plage ne gênerait pas. »
Ce qui chagrine le plus l’élue de Boueni, c’est la proximité d’un établissement vendant de l’alcool avec le collège, et de surcroit, sous le nez d’ado descendant de leurs bus.
Un vrai détournement de faux plafonds
Contacté, Mouslim Abdourahamane, le maire de Boueni a mené sa petite enquête, « ce n’est pas un bar, il n’aura donc pas de licence 3 ou 4 pour vendre de l’alcool, par contre il pourra le faire dans le cadre de la restauration, dès qu’il aura obtenu la licence. »
Ouf ! Pas de délais supplémentaires bloquant l’ouverture retardée de ce collège, le plus mauvais élève du système scolaire à Mayotte puisqu’il a déjà loupé deux rentrées ! Sur ce sujet, Gilles Halbout, le nouveau vice-recteur de Mayotte, nous dresse un état des lieux de la réalisation chaotique des travaux : « Nous avons débloqué la situation. Le problème de la commande de poutres qui n’était jamais arrivée, mais surtout, celui des faux plafonds dont le container était bloqué au nord de l’Europe. » S’il nous indique sobrement avoir demandé à l’entreprise de relancer une 2ème commande, et donc une 2ème facturation au vice-rectorat, on peut légitimement se demander qui a profité d’un arrivage de faux plafonds, éventuellement, qui les a détournés…
En tout cas, le collège devrait être terminé début octobre, « nous envisageons une rentrée après les vacances de la Toussaint. » Quelques aménagements seront réalisés ultérieurement, comme la salle multimédias. Les élèves qui étaient dispatchés entre les établissements de Kani Keli et Chirongui, vont donc pouvoir intégrer leur collège, avec leur équipe enseignante. Un collège qui accueillera à terme 1.028 élèves, dont 128 en SEGPA, ils seront 700 à cette première rentrée. Le coût total de l’investissement se monte à 28 millions d’euros, dont 4 millions d’euros pour les études et le mobilier.
Anne Perzo-Lafond