“Complètement faux”, contacté au sujet d’une vidéo qui circule depuis ce vendredi matin sur les réseaux sociaux et sur YouTube, le parquet n’a pas tardé à se renseigner et à réagir.
La vidéo montre simplement l’évacuation d’un blessé par le Gao, l’unité d’intervention terrestre de la PAF. La personne qui filme assure que l’homme évacué a été blessé par balle, au pied, et dénonce une “bavure”. Le titre de la vidéo pousse plus loin puisqu’il y est écrit ” la police tire sur un ouvrier d’origine comorienne”.
Le média comorien Habari Za Comore s’est empressé de partager la vidéo, en dénonçant là aussi une “bavure policière à Mtsamboro”.
Mais selon les premières informations que nous avons pu recueillir, aucune intervention récente ne s’est soldée par un usage d’arme de la PAF.
“L’image pourrait correspondre à un blessé sur un chantier lors d’un contrôle en juillet dernier, ça n’a rien à voir avec une opération qui serait passée aujourd’hui ni à un quelconque usage d’arme, c’est totalement faux” commente le procureur après avoir contacté la police aux frontière et consulté ses adjoints.
En revanche la vidéo montre une séquence dans ses dernières secondes, qui interroge. On y voit un des policiers prendre à partie l’homme qui filme avec son smartphone et lui ordonner de cesser de filmer. L’homme se présente alors comme “journaliste-citoyen” ce à quoi le policier rétorque que “tout journaliste doit avoir une carte”, et réaffirme son refus d’être filmé.
Que dit la loi ?
Il convient de rappeler qu’aucune loi n’interdit de filmer les policiers en intervention sur la voie publique, à l’exception de certaines unités protégées par un arrêté de juin 2008 à retrouver ici et rappelé par une circulaire consultable ici. Sont ainsi protégées les unités antiterroristes et de renseignement, comme le Raid, le GIGN ou le renseignement territorial ainsi que les unités d’intervention de la police nationale comme la BAC. Les enquêteurs de la PAF dépendant de l’Ocriest sont aussi protégés. Ce qui ne semble donc pas inclure les fonctionnaire du Gao, amenés à intervenir en civil sur la voie publique.
La suite est affaire de bon sens. Un policier peut légitimement craindre l’usage qui sera fait des images, et demander poliment à ne pas être filmé, ou s’arranger pour tourner le dos au preneur d’image. Il ne peut en aucun cas se saisir du téléphone comme on peut voir sur cette image.
Par contre, attention à la publication de la vidéo : la loi interdit tout usage malveillant desdites images : injures, diffamation ou atteinte à la vie privée sont condamnables, et tout usage autre qu’informatif peut être poursuivi. Comme affirmer que l’on vient d’assister à une bavure si ce n’est pas le cas.
Y.D.