Contre toute attente, la barre des 10 000 naissances semble s’éloigner à Mayotte. Après un pic à 9760 naissances en 2017, celles-ci redescendent à 9590 en 2018 indique l’Insee.
Ces chiffres concernent les naissances d’enfants résidant à Mayotte, ils incluent donc les parents qui partent accoucher à La Réunion ou en métropole, mais pas ceux qui accoucheraient à Mayotte en déclarant une adresse hors du département.
Ce chiffre des naissances reste “élevé” indique l’Insee, et porte le nombre d’enfants moyen par femme à 4,7, contre 3,6 en Guyane et 1,8 en métropole, ce qui fait de Mayotte le territoire de la République où l’on fait le plus d’enfants. Par ailleurs la baisse des naissances est plus marquée chez les mères françaises (-4%) que chez les mères étrangères (-1%).
A l’inverse, les décès restent peu nombreux, 758 en 2018, en raison d’une population très jeune. Il en résulte un solde naturel de +8830 habitants. C’est 200 de moins qu’en 2017.
Pour les mêmes raisons, la mortalité reste plus faible qu’en métropole, mais la mortalité infantile est trois fois plus élevée à Mayotte. 10 enfants sur 1000 ne vivent pas jusqu’à l’âge d’un an.
L’espérance de vie s’établie quant à elle à 75 ans à Mayotte, contre 83 ans en métropole.
75% de mères étrangères
Sur les naissances répertoriées à Mayotte, 75% des mères sont étrangères, 70% de nationalité comorienne, 4% de nationalité malgache et moins de 1% toutes autres nationalités confondues.
Si 25% des mères sont donc françaises, c’est le cas de 50% des pères. En outre, 55% des nouveaux nés ont au moins un parent français, c’est le taux le plus bas jamais enregistré, il était de 58% en 2017 et 72% en 2014. Ce chiffre a son importance. En effet en 2017, 40000 mineurs résidant à Mayotte, étaient étrangers, mais étant nés à Mayotte, tous avaient “vocation à devenir français” à leur majorité. Avec l’amendement Thani, ce n’est plus le cas. “On est au coeur du sujet” commente Jamel Mekkaoui, directeur de l’Insee Mayotte.
Cela ne veut toutefois pas dire que 40 000 enfants en moins pourront demander la nationalité, puisque parmi eux, certains ont leurs parents en situation régulière et ne sont donc pas concernés par l’amendement.
Autre statistique intéressante : l’Insee s’est penchée sur la nationalité des mères ayant un enfant avec un père français. Il ressort que les enfants nés de mères malgaches ont à 86% un père français, contre moins de 40% pour les mères comoriennes.
Seuls 10% des enfants ne sont pas reconnus immédiatement par leur père, soit un taux similaire à la métropole.
Des mères jeunes, parfois mineures
L’âge des jeunes mamans est aussi étudié à la loupe par l’Insee. Une mère sur 20 est mineure à la naissance de son bébé, c’est presque autant qu’en Guyane, mais beaucoup plus qu’à La Réunion ou en métropole. 130 enfants sont en outre nés d’une mère âgée de moins de 15 ans, ce qui reste stable par rapport à 2017. En revanche, seuls 5% des pères déclarés se trouvent être mineurs, et la moitié d’entre eux a moins de 25 ans. Ce qui laisse une part non négligeable d’adultes d’âge mur, qui reconnaissent des enfants nés de jeunes filles mineures, y compris de moins de 15 ans.
Doublement des naissances hors Mayotte
Les chiffres de l’Insee montrent aussi que les femmes qui décident d’aller accoucher à La Réunion ou en métropole sont plus de deux fois plus nombreuses qu’en 2014. En 2018, 325 enfants domiciliés à Mayotte sont nés ailleurs en France, dont la moitié à La Réunion. Sans grande surprise, 86% des femmes qui accouchent hors de Mayotte sont françaises, et elles ont en moyenne 32 ans, indiquant une population “bien installée” dans la vie selon l’Insee.
Enfin une statistique qui mériterait d’être creusée : l’Insee note chaque année un pic de naissances important au 2e trimestre, bien plus marqué qu’à La Réunion. Plusieurs pistes d’analyse sont sur la table, ça tombe 9 à 10 mois après la saison des mariages, mais aussi après la saison plus fraîche. A chacun de se faire son idée sur les causes de cet élan de fécondité qui se répète année après année.
Y.D.