Cela semble une évidence, mais c’est un des points phare du plan contre les violences à l’école présenté par le ministre Jean-Michel Blanquer : une meilleure prise en compte des faits de violence, et de leur auteur. On entend en effet régulièrement parler d’exclusion d’élèves qui peuvent ainsi aller d’établissements en établissements sans véritable résolution des problèmes. Ce plan compte y remédier en nommant notamment un « référent violence » dans chaque académie.
Pas question d’attendre à Mayotte, nous indique le vice-recteur de Mayotte, Gilles Halbout, « nous avons déjà la personne, il faut juste publier sa fiche de mission. » Il veut aller vite sur tous les fronts, ses trois dernières journées passées à écouter enseignants, parents et élèves après le drame de Sada, l’en auront persuadé, « il y a des outils qui manquent ici. » C’est le cas des classes relais, inexistantes, et pourtant, instruments indispensables à la déclinaison du plan contre les violences à l’école.
Elles permettent la prise en charge des élèves « hautement perturbateurs », « Ceux qui se sont fait exclure à plusieurs reprises ne peuvent plus être simplement envoyés d’un établissement à l’autre, où ils continuent de perturber les institutions », a expliqué Jean-Michel Blanquer. Souhaitant que ces élèves soient affectés dans l’une des 298 classes-relais du pays, « pendant au moins 6 mois », et sans recours à l’autorisation des parents.
« A Mayotte, les classes relais sont encore à créer. Tout un montage pédagogique est à mettre en place, mais je le dis dans vos colonnes, je m’y engage”, Gilles Halbout nous donne rendez-vous en janvier pour faire le point.
Des mesures d’éloignement contre les fauteurs de troubles
Des mesures d’éloignements pourront être prononcées « contre les élèves fauteurs de troubles à Mayotte. Avec une possibilité de les délocaliser s’il le faut. » Pour répondre aux comportements délinquants, le territoire dispose désormais d’un Centre éducatif Renforcé, mais de 8 places seulement, qui permet d’éviter la prison, dans un environnement hyper cadré, « nous allons accentuer notre partenariat avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse, où un enseignant sera nommé, comme à la prison et au RSMA ».
Pour responsabiliser les parents ou les représentants légaux des élèves, divers dispositifs avaient été évoqués par le passé, on se souvient des tentatives de suppression des allocations familiales. Pas de mesures radicales dans ce plan Blanquer, mais « une réponse personnalisée », comme le justifie le ministre : « Nous ne voulons pas de décision aveugle ni brutale, mais plutôt une réponse adaptée à des réalités très variées ». Sont concernés les élèves touchés par une double exclusion définitive dans la même année. Les familles seront associées dans le cadre d’un protocole d’accompagnement et de responsabilisation, proposant un accompagnement éducatif.
« La cellule psychologique n’a pas désempli à Sada »
Des mesures énergivores en moyens humains, mais ce n’est pas un problème pour Gilles Halbout : « Nous avons deux facteurs bloquants à Mayotte. Les constructions scolaires et les moyens humains. Pour les premières, et comme nous l’avons fait au collège de Dembéni fragilisé par les tremblements de terre, nous pouvons installer provisoirement des modulaires, ce ne sera que ponctuel. Et pour les seconds, le ministère nous a attribué des postes, il faut saturer tous ces emplois. Certains sont très spécifiques, comme celui d’enseignant à la PJJ, nous n’aurons pas de mal à trouver le profil. »
Il a passé la journée à Sada, « la cellule psychologique n’a pas désempli, beaucoup d’élèves ayant assisté aux opérations de réanimation de la victime samedi. Après un accueil ce lundi, les cours reprennent aujourd’hui », et part visiter les points de blocage de constructions. Ce mardi à Bouéni, avec une inauguration avortée du collège sur deux rentrées scolaires, ça fait beaucoup, « nous sommes en train de débloquer la situation sur le chantier », et mercredi à Mtsangamouji, « sur les sujets de la construction du lycée, et de la sécurisation des abords des établissements. » Des moyens policiers ont été déployés sur l’ensemble du territoire, « nous avons demandé notamment que les Equipes mobiles de sécurité soient armées de bâtons télescopiques, c’est fait, il faut maintenant poser des caméras et renforcer les grilles. » Des avancées rapides qui peuvent laisser penser qu’il a une bonne écoute au ministère.
Les dispositifs des « élèves pairs » seront généralisés, « les plus âgés font un travail de sensibilisation auprès des plus jeunes, et assurent un relais avec les agents de sécurité et la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile. C’est efficace notamment en cas de harcèlement. »
Un bilan annuel des mesures prises sera fait devant le conseil d’administration des établissements.
Anne Perzo-Lafond
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