Le taux d’échec désastreux au baccalauréat ne doit pas occulter ceux qui ont réussi avec brio. Ce samedi, le vice-rectorat recevait 178 bacheliers qui ont obtenu leur sésame avec des mentions bien ou très bien. Plus des deux-tiers sont des filles. “C’est une grande émotion que de débuter mes fonctions par cette cérémonie” a salué le nouveau vice-recteur, Gilles Halbout, arrivé mercredi dernier pour remplacer Stephan Martens.
Si les mentions sont une réussite en soi, la part de filles dans ce top des notes est une double fierté.
“Parmi les mentions, il y a 127 filles et seulement 51 garçons. Les mentions très-bien, c’est 30 filles pour 12 garçons” note le vice-recteur avant d’appeler un à un les titulaires d’une mention très bien, dans l’ordre croissant des notes.
La dernière à être appelée, c’est Sandati Saïndou, de Ongojou, qui a obtenu son bac ES avec 18,88 de moyenne au lycée de Tsararano. “Je vais poursuivre en licence éco-gestion section internationale, à Lille” explique-t-elle. Un début pour un long périple universitaire. “On commence tout petit et ensuite on vise les grandes écoles sur concours” poursuit celle qui rêve d’aller “à la Sorbonne depuis la 5ème”.
La jeune fille profite de son exposition médiatique pour s’adresser à ses camarades, notamment les quelque 50% d’élèves à avoir échoué au premier groupe.
” Je veux leur dire que l’effort ça paye, qu’il ne faut pas se démoraliser, savoir se relever et ne pas se laisser faire”.
Former les cadres de demain
Si Sandati semble avoir un parcours tout tracé, ce n’est malheureusement pas le cas de toutes ses camarades. “Bizarrement dans les études supérieures, on retrouve plus de garçons que de filles” note le vice-recteur. “Pourquoi vous autocensurer mesdames, il faut continuer !” Cette disparité post-bac s’expliquerait par une certaine pression, sociale ou personnelle, à se marier jeune, au détriment parfois des études supérieures. Mais “pour ceux qui vont partir, on fera tout pour vous faire revenir” poursuit Gilles Halbout.
“Tout”, cela inclut le dispositif “Cadres d’avenir pour Mayotte”. Il s’agit d’une aide accordée aux bacheliers ayant eu une mention TB et aux étudiants admis en master, qui prend la forme d’une assistance financière pendant cinq ans, en échange d’un engagement à travailler pendant trois ans à Mayotte à la sortie des études. L’objectif est de former les cadres de demain pour accompagner le développement du territoire.
Sandati Saïndou y est donc éligible et son diplôme était accompagné d’un prospectus expliquant le dispositif. “Je n’en avais jamais entendu parler” s’étonne la jeune fille. Et après avoir lu le document, “c’est un bon dispositif, car ça permet d’avoir une aide pendant 5 ans, c’est très profitable pour les jeunes de Mayotte qui sont souvent issus de milieux modestes. On va y réfléchir mais ça a l’air intéressant” sourit-elle.
Y.D.