On est loin des 9.000 signatures au bas de la pétition qu’un internaute avait fait circuler sur le net en mai dernier sur le même sujet, mais comme le dit Cris Kordjee, la présidente de l’AUTAM, « notre pétition a valeur de symbole ». L’Association des Usagers des Transports Aériens au départ et à l’arrivée à Mayotte a été lancée par le député Mansour Kamardine, et vole désormais de ses propres ailes, sans jeu de mots.
Son objectif de baisse des tarifs de l’aérien, passe par la défense de trois causes : la mise en place de la concurrence face à Air Austral, le rallongement de la piste justement pour faciliter l’arrivée d’autres compagnies et l’application d’une vraie continuité territoriale plus proche des besoins de la population. C’est en tout cas sur ces points que l’AUTAM compte sensibiliser le président Macron à travers la pétition.
Elle a été remise ce jeudi au sénateur Thani Mohamed Soilihi, et en la présence inattendue du président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani. Qui ne participera pas aux échanges, « ce n’est pas un retour officiel », glisse-t-il, avant que Cris Kordjee n’explique sa position « le président est venu à notre demande pour écouter nos doléances ».
Des doléances qui ont été portées « à huis clos » avant que la presse ne soit conviée, « nous avons partagé les problématiques de dangerosité de la piste, notamment sur la longueur réellement utilisée, 1.600m sur les 1.930m, de tension quotidiennes pour les équipages des compagnies aériennes, et qui implique une formation spécifique pour les appareils affrétés, comme c’est actuellement le cas, perturbant les plans de vol. »
L’AUTAM, une future défense des « 280.000 consommateurs » ?
Cris Kordjee explique que c’est un « mouvement associatif de plus » sur ce thème, « mais nous nous voulons agitateur d’actualité ».
Quant à Thani Mohamed, s’il a cosigné en janvier avec ses pairs parlementaires un courrier au premier ministre évoquant notamment l’indispensable « désenclavement de l’île », et qui rappelait ce jeudi la « nécessité impérieuse d’une piste longue », il n’est cette fois qu’un passeur, « les parlementaires servent pour cette pétition de courroie de transmission ».
Pour l’association, l’étape suivant la rencontre de l’ensemble des parlementaires, sera de se rapprocher des acteurs économiques, « ce sont d’autres personnes ressource, également concernées par les tarifs de l’aérien », pour travailler ensuite à l’ouverture du ciel à la concurrence. Quant à leurs attentes, elles sont simples, « nous souhaiterions les premiers coups de pioche en 2020 ». Or, la ministre des outre-mer a annoncé au sénateur Abdallah l’inscription d’un budget «études pour la piste longue» au plan de convergence 2019-2022… Peu de chance que quelque chose de sorte des cabinets d’étude avant un ou deux ans, donc.
Pour l’instant, la naissance de l’AUTAM a attiré comme un aimant les passagers qui ne parvenaient pas à se faire rembourser des annulations et retards de billets d’avion, ce qui a incité le sénateur à leur proposer d’élargir par la suite leur action, « il manque ici une grosse association de consommateurs de type ‘60 millions de consommateurs’, la loi autorise désormais à mener des actions de groupe, vous pourriez être cette force. »
D’autres actions sont dans les têtes des dirigeants de l’association, « nous allons tout tenter, avant de s’allonger peut-être un jour en travers de la piste ! »
Anne Perzo-Lafond
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