Pari réussi pour Cris Kordjee, présidente de l’association des usagers du transport aérien à Mayotte (Autam). La manifestation de ce samedi, visant à dénoncer le prix des billets d’avion vers et depuis Mayotte, a réuni quelque 500 personnes, dont une grande partie a signé une pétition réclamant “la saisine du président de la République” sur ce sujet.
Après un premier rassemblement place de la République, le cortège s’est mis en route pour une halte devant l’agence d’Air Austral, qui avait fermé ses rideaux de fer, puis un tour devant le Conseil départemental avant de redescendre.
“La démarche de cette manifestation était de s’associer aux mouvements marseillais et réunionnais et d’envoyer un signal fort” explique la responsable associative qui se réjouit qu’il y ait “maintenant plusieurs mouvements en plus de la pétition en ligne”.
Pour Cris Kordjee, plusieurs problèmes sont à soulever. “Il y a la longueur de la piste, mais aussi un verrouillage dû à des stratégies qui favorisent Air Austral, ce qui nous amène à parler de situation de monopole (…) On entend dire que la piste longue, c’est compliqué, poursuit-elle, citant les enjeux environnementaux. Mais il n’a jamais été question de sacrifier ces enjeux. Ils sont conciliables et l’humain est une espèce qui compte autant que les autres espèces du lagon.”
“On est pris en otage”
Outre les visages historiques du Collectif des citoyens qui a mis a disposition des bus pour amener du monde, au moins quatre maires étaient présents, assez discrètement dans le cortège. Les premiers magistrats de Mamoudzou, Koungou, Kani-Keli et Sada étaient mêlés aux manifestants. “C’était important de manifester aujourd’hui, pour la piste longue, pour le tourisme etc.” commente Assani Bamcolo, maire de Koungou, venu sans écharpe.
Pour Vincent Cotrez, un informaticien qui a signé la pétition ce samedi, la piste longue est “un faux prétexte”, “on veut nous faire croire que c’est à cause de ça que d’autres compagnies ne peuvent atterrir, mais il y a trois ans, on avait une concurrence avec Corsair, qui a été évincée.
Aujourd’hui ça nous coûte plus cher d’aller à La Réunion en 2 heures qu’à Paris en 10h assure-t-il. “Il n’y a aucun territoire ultramarin soumis à ces conditions”.
Il y a urgence pour ce manifestant d’entendre les besoins propres à la vie insulaire. “On est une île, on a besoin de sortir, pour des raisons personnelles ou professionnelles, ou médicales, on a un besoin vital et on est pris en otages.”
Y.D.