« Le ministre l’a répété à plusieurs reprises, ‘la priorité de ce territoire, c’est l’immigration clandestine’ », nous confiait le préfet Dominique Sorain. Il prononçait ce mardi un discours aux forces de sécurité, aux agents de l’Etat et aux élus, en fin de matinée ce mardi dans les jardins de la préfecture, en Grande Terre, qui revenait sur les dernières volontés de Christophe Castaner avant qu’il ne s’envole « en urgence » pour Paris la nuit dernière en Falcon de la Marine nationale.
« Chaque jour, les Mahorais doivent pouvoir vivre, vivre librement, vivre pleinement. Je comprends que certains trouvent qu’il n’y a pas eu assez de volonté pour Mayotte ». Ces mots prononcés par le préfet sont de Christophe Castaner, « le ministre m’a demandé de vous faire part des paroles qu’ils souhaitait prononcer, notamment en réaffirmant l’engagement du gouvernement, car Mayotte, c’est la France, c’est la République », rapportait Dominique Sorain.
Rien de révolutionnaire en matière de sécurité par rapport à ce qui a déjà été annoncé, mais les habitants qui la vive au quotidien se sentiront au moins entendus. Si « la flambée de délinquance a été enrayée l’année dernière » avec une baisse des atteintes aux biens de 15,7%, qui a « permis d’estomper un peu le sentiment d’insécurité », les autorités ne peuvent que constater que « la violence continue à sévir fortement, trop fortement. L’insécurité est un fléau, mais un fléau qui n’est pas une fatalité ». Pour « poursuivre les efforts », le 3ème escadron de gendarmerie dont la présence n’était que provisoire, est donc maintenu, et « plus de 60 personnels viennent renforcer les différents services de sécurité.
“Tous ensemble pour Mayotte”
Quant à l’immigration illégale, les différentes visites, notamment dans le quartier de La Vigie auront convaincu le ministre que « c’est le défi pour l’avenir de Mayotte. » Si les reconduites à la frontière se font « à des niveaux jamais atteints », « il faut aller plus loin ». En soulignant « l’effort remarquable » du service des étrangers pour traiter les dossiers en instance.
Pour mettre tout ça en musique, deux pistes. D’abord, une action dans un cadre interministériel. Et pour commencer, un engagement de tous les services de l’Etat est attendu, « dans la mise en œuvre de toutes les politiques publiques. » Le Contrat de convergence qui sera signé avec le conseil départemental en lieu et place du Contrat de projet, devra en tenir compte.
Et ensuite, le « nouveau processus » annoncé par le premier ministre le 13 février, doit se concrétiser par un « dispositif civilo-militaire », qui reprendrait un pan du Plan Harpie guyanais, pour lutter contre l’immigration illégale. »
En conclusion, s’il avait été là, le ministre aurait remercié les services de l’Etat et les forces de sécurité, « mais vous aurait aussi fait part de ses exigences. Car la situation nous oblige. Donc, ‘tout ensemble pour Mayotte !’, même si cela ne se veut pas un slogan ! », terminait le préfet. Plusieurs représentants des services de l’Etat ou d’association étaient ensuite mis à l’honneur, nous y reviendrons.
Anne Perzo-Lafond