Debouts au milieu des cartons, Xavier Montserrat, directeur de l’antenne mahoraise de l’ARS océan Indien, et son adjoint Mouhoutar Salim, s’adressent aux salariés du siège de l’agence. Ce dernier se souvient du dévoilement de la plaque ARS OI par Chantal de Singly, sa présidente à l’époque, et surtout de la fronde que cela avait suscité chez les cadres mahorais : « En 2012, nous étions plusieurs à dénoncer un ‘vice de conception’. Réunir La Réunion et Mayotte dans une même ARS, c’était comme mettre une baleine et un hippocampe dans un même bocal, je vous laisse deviner qui mange qui ! Nous avons des trajectoires historique et culturelle différentes. »
Le Fonds d’Intervention Régional privilégiait injustement l’ARS de La Réunion, l’antenne Mahoraise ne percevant que 9% du Fonds d’Intervention Régional, ce qui se traduisait par un différentiel aberrant au regard des besoins de notre territoire : les dépenses annuelles de santé par habitant se montaient à 900 euros à Mayotte contre 3.000 euros à La Réunion.
Une pièce en 3 actes
Un argument qui a été porté par les manifestants en mars 2018, permettant de concrétiser l’idée d’une ARS autonome, « annoncée par le premier ministre Edouard Philippe le 19 avril 2018 », rappelle Xavier Montserrat, sourire aux lèvres. S’il a fallu malgré tout se battre pour dépendre directement du ministère de la Santé, il semble que les choses avancent, et il en veut pour preuve ce déménagement vers le Centre d’affaires Kinga à Kawéni, « en simultané avec la présentation de la loi Santé, portée par les parlementaires de Mayotte, dont l’article 19 introduit la création de l’ARS Mayotte au 1er janvier 2020. » Xavier Montserrat a d’ailleurs pu rajouter une ligne à son titre depuis septembre, puisqu’il a été nommé « préfigurateur de la future agence de santé propre à Mayotte ».
Le compte à rebours est lancé donc, et ce déménagement en est « l’acte I », « de nouveaux locaux pour une nouvelle agence. » Signe fort, les dotations ont suivi comme annoncé par le Plan d’Avenir pour Mayotte, « nous sommes passés de 6 millions à 15 millions d’euros de FIR », souligne Mouhoutar Salim.
Après l’acte II symbolisé par l’inscription au projet de loi Santé d’Agnès Buzyn, l’acte III s’écrira donc au 1er janvier 2020, « avec plus d’autonomie mais aussi plus de responsabilité vis à vis de la population mahoraise. »
Une vingtaine de salariés a travaillé tout ce week-end à rendre opérationnels les nouveaux locaux, qu’une grande Assemble générale de l’ARS devrait inaugurer mercredi prochain. « Nous aurons des bureaux modernes, avec des enjeux qui restent humains, avec une priorité des relations de travail de qualité. »
Un petit guide de « caribou » avec plan du nouveau site, était distribué aux agents, avec comme entête, « Direction de l’île de Mayotte ». Comme un avant goût…
Anne Perzo-Lafond
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