Les manifestants l’ont pourtant ressassé en 2011 : « La vie est chère à Mayotte ! ». La comparaison des prix avec la France entière que vient de publier Familles rurales, livre un nombre à deux chiffres qui tombe comme un couperet : le panier moyen coûte 73% plus cher que la moyenne nationale pour les consommateurs à Mayotte.
Afin de mesurer l’évolution des prix, Familles Rurales, 3ème association de défense des consommateurs et 1er mouvement familial, a créé en 2005 son propre Observatoire des Prix. Elle a donc réalisé en 2018, pour la 12ème année consécutive, son observatoire des prix de grande consommation.
« Dans un contexte où le pouvoir d’achat des familles est au cœur des préoccupations et où l’alimentation constitue la variable d’ajustement du budget des ménages les moins favorisés, cette étude poursuit l’objectif d’éclairer au mieux les consommateurs dans leurs actes d’achat », indique leur site.
L’année 2018 est une année record : le prix moyen du panier n’a jamais été aussi cher, 139,50 euros, soit une hausse de 2,6 % par rapport à 2017. Et ceci, quelle que soit la surface de vente : hypermarchés, supermarchés ou hard-discounts. Il existe, par ailleurs, de fortes disparités territoriales : faire ses courses dans l’Ouest de la France coûte ainsi près de 10 % moins cher qu’en Ile-de-France.
En attendant le bio…
Et selon cette étude, une nouvelle fois, les territoires les plus marqués par les prix chers demeurent sans commune mesure ceux d’outre-mer, avec un prix moyen du panier qui s’élève à 231,80 euros, 66 % plus cher qu’en métropole. Ce qui permet donc de relativiser, sans l’excuser, les prix 73% supérieurs à Mayotte.
Le panier moyen est constitué de 13 produits : Eaux, Biscuits et confiseries chocolatées, Boissons chaudes, Desserts, Produits laitiers et œufs, Surgelés, Produits pour bébés, Aliments pour animaux, Confiture et pâte à tartiner, Jus de fruits, Petits déjeuners, Lessives et produits d’entretien, Produits d’hygiène corporelle. On n’y retrouve pas une denrée très prisée à Mayotte, le riz.
« Une année record », commente Familles rurales, puisque le prix moyen du panier a augmenté de 2,6 % entre 2017 et 2018, soit plus que l’inflation en métropole (+1,8%), et surtout que l’inflation à Mayotte (+0,3%), ou que le SMIC. Sur 10 ans, la hausse de prix est de 7,6 %.
« Une hausse particulièrement remarquable des premiers prix, + 6,9 % en moyenne, et jusqu’à 13,4 % dans les hard-discounts, qui impacte directement les ménages les plus modestes ». Et le bio reste inaccessible au portefeuille moyen, avec des prix plus chers de 65%. A quand son émergence à Mayotte ? Car il est fort probable que les prix du bio y soient plus abordables.
Si la flambée est nationale, sa permanence en outre-mer ne fait qu’accréditer la demande de l’élu Issihaka Abdillah d’une étude des marges par secteur, et d’une continuité territoriale sur les marchandises.
Anne Perzo-Lafond
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