Son « Petit Prince de LU » n’a pas la même saveur ici que quand il le déguste à Brest : l’ancien conseiller général Issihaka Abdillah, s’explique: « Le coût d’acheminement d’un container est dix fois plus élevé de Paris vers Mayotte que vers la Bretagne ». D’où son idée d’instaurer une « continuité territoriale sur les marchandises », « comme on le fait partiellement pour les personnes ».
C’est aussi une première réponse aux distorsions de concurrence sur des territoires exigus et isolés. « On nous a annoncé en décembre dernier la nomination d’un Délégué à la concurrence Outre-mer. On a déjà eu un commissaire au redressement productif, un autre au développement endogène, encore un autre à la coopération régionale… Rien n’a évolué. C’est une question de marges, mais les acteurs se réfugient derrière le coût du billet d’avion pour expliquer les prix de vente. Avec un chantage à la clef, ‘si vous n’êtes pas contents, les produits restent à Rungis’ ! », rapporte Issihaka Abdillah qui a aussi ouvert un douka il y a quelques années, du côté de Bandraboua, lorsqu’il s’était mis en suspend de la vie politique.
Il pointe aussi des abus du côté du fret portuaire : « La compagnie CMA CGM et le gestionnaire du port de Longoni, imposent leurs tarifs. Nous sommes dans une position où il faut l’intervention de l’Etat. Il y a une opacité qu’il convient d’éclairer avant de se lancer dans une étude de marges. » Il appelle à reprogrammer une étude des frais portuaires des différents acteurs déjà effectuée en 2011, « car depuis, il y a eu la Délégation de Service Public. »
Une fois tous ces principes posés, « alors l’autorité de contrôle aura toute latitude pour travailler sur les abus dans la formation des marges », conclut-il.
L’Observatoire des prix de Familles rurales qui place les Outre-mer en général, et Mayotte en particulier, en pôle position des paniers de course les plus chers, accrédite son propos d’une situation engluée.
Anne Perzo-Lafond
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