Il aura précédé la venue de la ministre de 10 jours : le décret d’application du code du travail de droit commun a été publié le 6 novembre 2018. Même s’il ne s’agit pas d’une transposition intégrale du code du Travail national, avec des progressivités qu’on nous indique nécessaires avec le contexte du territoire, c’est de haute lutte que les syndicats l’ont obtenu.
Si les partenaires sociaux ne l’ont pas encore parcouru dans les détails, trois points avaient été soulignés par la préfecture, la possibilité pour un salarié de se faire assister par un conseiller en cas de licenciement, l’officialisation des jours fériés y compris musulmans, et la mise en place du Comité Régional de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Orientation professionnelle (CREFOP).
Coprésidé par le préfet et le président du Département, il vient d’être mis en place ce samedi sous le haut patronage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Composé également des partenaires sociaux, organisation patronales ou de salariés, il permet l’articulation et la mise en cohérence des politiques d’emploi, d’orientation et de formation professionnelle. En clair, « avant chacun faisait sa sauce de son côté, maintenant les grandes orientations seront données par le CREFOP, en fonction des besoin en main d’œuvre du territoire, et le conseil départemental mettra en musique sur sa compétence de formation professionnelle et l’Etat sur ses mesures accompagnatrice », expliquait Enfanne Haffidou, le DGA Economie du Département.
« La jeunesse, avant tout un défi »
Le président Soibahadine Ibrahim Ramadani mettait en relief « la nécessité d’une telle instance à Mayotte où le taux de chômage officiel de 26% bat des records nationaux ». La réalité est encore plus alarmante puisque sur 100 Mahorais en âge de travailler, 38 exercent un emploi.
« Ce comité est une attente de longue date ici, et il était temps que les forces vives travaillent ensemble, les partenaires sociaux vont pouvoir proposer des pistes », soulignait Muriel Pénicaud. La ministre qui invitait au réalisme, « la jeunesse du territoire, c’est un atout, mais avant tout, c’est un défi, celui du retour à l’emploi. Mayotte ne peut se projeter dans l’avenir si ses jeunes ne se projettent pas dans l’avenir. »
A peine un texte commence-t-il à être décliné sur le territoire, qu’un nouveau est à
adapter. Ainsi la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a été promulguée le 5 septembre 2018, et réforme le système de formation professionnelle initiale et continue. « Il y a des éléments porteurs de sens à Mayotte, d’autres à adapter. Il sera possible de procéder par ordonnance comme dans l’ensemble des outre-mer », glissait la ministre, qui se dit disposer à rencontrer tous les acteurs pendant ses 48 heures de visite.
Sa recommandation pour le CREFOP : « Produisez des actions concrètes et bâtissez quelque chose de durable. »
Anne Perzo-Lafond
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