Une partie de la population mahoraise était dans la rue ce jeudi pour dire « karivendzé », « nous n’en voulons pas de vos démarches à la c.. à la merde ! », pour reprendre la célèbre phrase du Mzé Bamana qui refusait l’indépendance. Une accusation portée contre la poursuite de négociation de la feuille de route, et de la divulgation d’un travail sur la réalisation d’une Communauté de l’Archipel des Comores.
L’orateur qui n’était autre que le DGS de la mairie de Sada, Saïd Kambi, en profitait d’ailleurs pour lancer le cortège par une prière, « puisqu’on nous a taxé d’’islamistes radicaux’ ! ». « Immigration clandestine : assumez vos responsabilités sinon laissez-nous faire ! », « Non, non, non à la Communauté », « Mayotte France libre indivisible », affichaient les banderoles.
Peu d’élus présents, on retrouvait d’ailleurs les organisateurs la rencontre de ce mardi dans l’hémicycle lors du débat sur les enjeux de la manifestation. Le maire de Tsingoni en tête, la maire de Sada, le maire d’Acoua et quelques conseillers départementaux, dont Ahamed Attoumani Douchina, Raïssa Andhum, Daniel Zaïdani, Nomane Ousseni. Comme parlementaires, seul Mansour Kamardine était présent ceint de son écharpe, et il faut souligner le grand retour d’Ibrahim Aboubacar, l’ancien député qui s’était fait discret.
Une « co-gouvernance »
La journaliste Estelle Youssouffa, qui avait lancé la pétition d’alerte, était présente, « c’est naturel, c’est un peu moi qui l’ai initiée par mon intervention à l’émission Kalaoidala », nous expliquait-elle. Nous reviendrons plus en détail sur son message.
Quelques métropolitains étaient présents : « Soit nous sommes un département, et dans ce cas, il faut investir, soit pas, mais la France doit assumer. C’est inconcevable de poursuivre dans cette situation de co-gouvernance voulue par la feuille de route ! », témoignait une manifestante.
Le cortège avait prévu une petite halte devant chaque établissement mis en cause dans cet inachèvement de Mayotte française : la préfecture, le Centre hospitalier et le commissariat. En réalité, c’est devant le service des étrangers de la préfecture que le cortège a le plus tonitrué, brandissant un cercueil censé enterrer la feuille de route, et que tout a bien failli déraper. Parmi les manifestants, quelques perturbateurs que le service d’ordre de la manifestation n’a pas stoppé à temps, on agité les grilles face aux policiers qui ont commencé à se masser pour faire résistance, « on n’est pas venu pour ça, ils vont nous gazer ! », alertaient des manifestants tentant de calmer le jeu.
Pas de signe distinctif
Le reste de la marche sous un soleil de plomb, amenait la foule qui grossissait de plus en plus, 1.300 personnes selon la police, 6.000 pour les manifestants, à ne faire que passer devant le CHM, pour marquer en suite un arrêt devant le commissariat. Un bref sit-in devant le conseil départemental en scandant « Maore ini yatru », « Mayotte est à nous ».
Safina Soula, porte-parole du Collectif dénonce “un projet de communauté d’archipel qui se passe dans notre dos, on ne peut accepter une telle hypocrisie sans nous consulter. C’est inadmissible. ” Elle craint notamment “un plan qui retarderait le développement de Mayotte en l’abaissant à celui des autres îles des Comores. On a du mal à comprendre ce qui se cache derrière ce projet donc on est méfiants. Rien n’est mis sur la table pour clarifier la situation. On voit des ministres, des émissaires, mais on ne sait pas ce qui se prépare. On espère que dimanche la ministre va venir avec de bonnes choses. Il faut le plan de rattrapage, mais aussi discuter avec les Mahorais de manière honnête. Ce qu’on veut c’est que la feuille de route soit enterrée définitivement, d’où le cercueil. Le développement régional, il faut le faire, mais de l ‘autre côté. Aidons les Comores aux Comores, pas à Mayotte et pas n’importe comment. Il faut tirer les Comores vers le haut, ça règlera tous les problèmes de Mayotte.”
Aucun syndicaliste ne portait de signe distinctif, « ce serait dangereux, car nous sommes amenés aujourd’hui à tenir des propos communautaristes. Or, dans notre combat syndical, nous devons défendre tout le monde », nous glissait l’un d’eux, qui a préféré s’habiller de la couleur du jour, « nous avons appelé à une marche blanche ».
La mobilisation a pris fin vers midi.
La rédaction
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