Très peu de stands s’affichaient à ce 1er Forum, et pour cause, le secteur aéronautique n’est pas représenté à Mayotte. Et même l’étoffement de la desserte aérienne y est récente, « lorsqu’au lycée technique à La Réunion, on nous demandait de dessiner une partie d’un avion, nous étions embarrassés n’ayant que trop peu vu d’appareil sur notre île », expliquait dans son discours Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou.
Mais Nathalie Costantini, la vice-recteur, coorganisatrice avec la compagnie Ewa Air, de ce Forum pour lequel le conseil départemental aura affrété des bus scolaires, faisait l’inventaire des filières proposées : « Peu sont spécialisées, mais toutes sont susceptibles de déboucher sur des métiers de l’aérien, comme le Bac Pro Accueil formation client, ou le Bac Pro logistique. » C’est un début, « les formations spécialisées ne peuvent pour l’instant pas être démultipliées. » Seul le lycée Stella de La Réunion est présent pour informer sur les sections CAP et Bac Pro à dominante automobile et aéronautique.
La première compagnie locale, Ewa Air, créée en 2013, ne l’est qu’à moitié puisque Mayotte à travers la CCI, Ylang Invest (Groupe Issoufali), ne détient que 48% du capital de 4,4 millions d’euros, contre 52% à Air Austral.
Volonté du département d’entrer au capital d’Ewa Air
Justement, le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, annonçait dans son discours vouloir intégrer le conseil d’administration en même temps que le capital, « dès que les conditions financières le permettront. » Sous cette condition, il évoque une première prise de position à 25%, « qui nous permettrait d’affirmer notre volonté politique d’implanter Mayotte comme un hub régional. » Une entrée qui ne pourra se faire que lors du retrait d’un actionnaire ou d’une augmentation de capital.
En matière de formation du personnel d’Ewa Air, le conseil départemental est déjà partie prenante pour le personnel embarqué et au sol : il a débloqué 217.000 euros pour 21 agents de sureté aéroportuaire, « dont 16 seulement ont été recrutés », 407.000 euros pour 38 agents commerciaux, 150.000 euros pour deux pilotes de ligne mahorais, dont un est en activité, 33.000 euros pour 3 ingénieurs et 299.000 euros pour le personnel navigant commercial, 33 en l’occurrence. « J’ai d’ailleurs demandé la mise en place d’un Observatoire prospectif des métiers de l’aérien », glissait le président Soibahadine dans son allocution.
De réels besoins
En dépit de ces efforts, certains postes ne sont pas pourvus, « j’ai été obligé de débaucher un mécanicien dans une grande entreprise aéronautique française parce que je n’en ai trouvé que 2 sur 3 à Mayotte », indiquait Ayub Ingar, le Directeur général délégué de Ewa Air.
C’est ce qui l’a motivé à organiser ce Forum en compagnie du vice-rectorat : « Le nombre de passagers va continuer à croitre, comme le nombre de desserte aérienne. Nous avons doublé nos recrutements en un an et demi, en parallèle du doublement de notre flotte. Or les jeunes de Mayotte ont une grande méconnaissance des métiers de l’aérien. Ils sont pourtant à haute valeur ajoutée. Agence de voyage, personnel au sol, enregistrement et chargement des bagages, personnel de sureté, de sécurité… les opportunités sont nombreuses pour Mayotte, il ne faut pas les laisser passer. C’est pourquoi nous proposons des ateliers et des rencontres avec des professionnels. » Ayub Ingar évoque les 10.000 créations d’emploi dans l’aérien en 2015.
Pendant deux jours, les acteurs vont donc tenter de « relever le défi de l’aérien », en apportant des débouchés aux collégiens et lycéens qui ont envahi dès 10h la place de la République.
« Quand j’étais petit, je rêvais de travailler à bord des avions, mais ça m’est sorti de la tête depuis », nous glissait l’un d’eux, Sawm. Espérons que ce Forum ravive ses rêves…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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