La ministre des Outre-mer est enfin venue à Mayotte pour faire face, avec l’ensemble des acteurs locaux, à la crise de l’eau que traverse notre département. «Nous n’avons jamais vécu une telle situation météorologique et de pénurie d’eau depuis 1949», a expliqué d’emblée Ericka Bareigts.
Cette situation inédite a donc entraîné la mise en place du rationnement en eau de 8 communes du sud de Mayotte pour tenter de préserver les faibles remplissages des deux retenues collinaires et ainsi éviter une rupture totale des approvisionnements. Depuis le 16 décembre, huit communes du sud ne sont donc plus alimenter en eau potable qu’un jour sur deux. Cette alimentation était même d’un jour sur trois au plus fort de la crise.
Dans les locaux du syndicat des eaux, la ministre a présidé une réunion en présence de l’ensemble des élus du SIEAM, des représentants du département, des communes et du préfet. Il s’agissait pour elle de présenter le «plan eau pour Mayotte» signé à Paris le 27 février dernier. Ce plan engage la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), l’Agence Française de Développement (AFD) et le SIEAM autour d’un prêt de 46 millions d’euros. Un grand nombre de mesures y sont incluses, à court, moyen et long terme.
«L’état est là pour prêter main forte», a souligné Ericka Bareigts alors que la gestion de l’eau a été déléguée par les communes de Mayotte au SIEAM.
Tours d’eau maintenus
La question prioritaire pour la population est évidemment le maintien des tours d’eau. La ministre a été claire: «Il ne faut pas mentir aux gens. Il faut expliquer les choses, ça ne sert à rien de faire croire à autre chose». L’alimentation en eau potable du sud un jour sur deux est donc maintenu.
«La 1ère mesure concrète, c’est le tanker. J’espère qu’il arrivera fin avril ou début mai. Dès que j’ai une date précise, je le dirais. Jusque-là, on ne change rien. Dès qu’on aura le tanker, on pourra relâcher les tours d’eau.» Quatorze semaines de travaux sont nécessaires à Mayotte avant d’accueillir le premier tanker pour mettre en place l’ancrage, les tuyaux et les pompes. Le gain attendu est de 500.000 mètres cubes, soit un tiers de la retenue de Combani.
Car l’inquiétude reste le niveau actuel des retenues collinaires. La ministre a fait le point: la retenue de Combani est désormais remplie à 54% de ses capacités. Celle de Dzoumogné n’est qu’à 28% de son maximum. Le problème est que nous sommes déjà à la mi-mars et la fin de la saison des pluies n’apportera probablement pas suffisamment d’eau pour rattraper les retards de remplissage. D’où le maintien des alimentations en rotation.
Diversifier la ressource
«Actuellement, 80% de l’eau que Mayotte consomme tombe du ciel. Donc, il faut diversifier les ressources en eau», a indiqué la ministre, énumérant les principaux points du «plan eau». Vont donc être privilégiés, de nouveaux forages (qui représentent actuellement 17% de la ressource), la mise en place d’une usine de désalinisation dans le sud, les pompages dans les rivières… en attendant la 3e retenue collinaire.
«Il ne faut pas rester inactifs», a pointé Ericka Bareigts. Le Sieam l’a-il été? «Ce n’est pas mon rôle de dire ça. Mais dans l’avenir, il ne faut plus avoir de retard. J’ai fait déloquer 2,5 millions d’euros pour le SIEAM pour qu’il y ait de l’ingénierie et des compétences pour monter des dossiers», et ainsi faire avancer les projets plus rapidement, a indiqué la ministre.
Stockage des eaux de pluie
Concernant la récupération d’eau de pluie, elle a rappelé les budgets débloqués pour des citernes. L’agence régionale de santé vient de lever l’interdiction de stockage des eaux de pluie, une interdiction qui était liée à la possible multiplication des moustiques et des maladies qu’ils véhiculent. Actuellement, l’urgence est bien d’avoir de l’eau.
Quant au Medef qui réclamait ce lundi matin par la voix de son président une indemnisation des entreprises frappées par la crise de l’eau, Ericka Bareigts a assuré avoir demandé à son cabinet de voir avec les autres ministères «ce qu’il est possible de faire». Thierry Galarme défendait la situation des hôtels restaurants «sinistrés» par le manque d’eau ou encore le BTP qui tourne «au ralenti».
La ministre est ensuite partie pour Chirongui où l’attendait madame le maire… et la population du sud excédée par une crise dont la fin se fait attendre.
La rédaction
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