Des tarifs portuaires qui s’envolent à la surprise générale, des transitaires plus que jamais en colère, des politiques qui commencent à en avoir assez et une entrepreneure qui joue à nouveau la carte du «Je n’en peux plus, je laisse tomber»… Le changement d’année n’a en rien régler les psychodrames qui secouent le port de Longoni.
La nouvelle crise a démarré vendredi. Une note manuscrite d’Ida Nel, qui dirige la société gestionnaire du port MCG (Mayotte Channel Gateway) modifie les tarifs appliqués dans l’enceinte portuaire. «On mettre en application le vendredi 6 janvier», écrit-elle. Chez les professionnels transitaires, c’est la douche froide.
Après un arrêté du département du 13 décembre, MCG fixe un tarif journalier pour utiliser ses portiques (RTG) à 1.037€. Problème, ce tarif est valable pour 7 heures, durant lesquelles le RTG ne déplacerait qu’un seul container par heure… contre 25 espérés. C’était en tout cas le nombre de rotation évoqué lors de la présentation des équipements. «Quel est donc l’utilité d’avoir autant investi en matériel pour avoir un rendement horaire 12 fois inférieur en moyenne à celui de la SMART?» s’interroge le syndicat des transitaires, mis devant le fait accompli.
En plus de ces tarifs, il faut aussi prendre en compte le prix pour utiliser les grues… Et tout cela s’ajoute au tarif de base de l’acconage, déjà qualifié de «plus cher de France et Outre-mer» par les transitaires.
Pour mémoire, l’acconage, c’est précisément l’ensemble des opérations de transport et de manutention des containers sur un port. Les transitaires s’étranglent: «Mayotte devient donc (…) le seul port du monde où en sus du tarif d’acconage sont rajoutés les frais de grues et RTG ce qui équivaut à la double facturation d’une seule prestation!»
Absurde et illégal
La situation est d’abord absurde. Comme le souligne le syndicat dans un courrier de contestation, considérer que les portiques du port ne traiteraient qu’un seul container à l’heure, cela revient à laisser à quai, un navire de taille moyenne durant 71 jours, le temps d’effectuer les mouvements de containers classiques. «Un tel rendement horaire est inférieur à ce qui se pratiquait à Moroni lorsque les (containers) étaient acheminés par boutres du navire jusqu’au quai», relèvent perfidement les transitaires.
Ces conditions ubuesques sont surtout «illégales». La tarification «doit être présentée en conseil portuaire puis validée par le conseil départemental avant mise en application», rappelle les transitaires. Un conseil est d’ailleurs prévu dans les jours à venir.
Qui va craquer en premier
Depuis longtemps, la question est de savoir quel sera l’épisode des tensions sur le port qui sera celui de trop, celui qui fera craquer le système qui n’est jamais parvenu à se mettre réellement en place depuis que le département a confié la gestion du port à Ida Nel.
D’un côté, la nouvelle majorité départementale qui pourrait finir par être excédée et réfléchir à envoyer une armada d’avocats pour remettre en question la délégation de service public (DSP) accordée à la société d’Ida Nel. Les derniers échanges de SMS dans lesquels la cheffe d’entreprise se montrerait très méprisante à l’égard du président Soibahadine Ibrahim Ramadani pourraient précipiter la manœuvre.
De l’autre côté se trouve Ida Nel. La femme de fer de l’économie mahoraise menacerait, une fois encore, de tout envoyer balader, lasse de ne pouvoir mener à bien son projet de prendre en main comme elle l’entend, le port de Longoni… presque de quoi faire oublier le sort de la SMART, la vieille société qui a longtemps eu le monopole de l’acconage à Longoni et qui est aujourd’hui en crise.
La nouvelle saga du port de Longoni n’a, cette année encore, pas de quoi faire sourire. Il ne faut pas prendre de vue qu’il est ici question de la porte d’entrée de l’essentiel de l’économie mahoraise et donc de son développement.
RR
www.jdm2021.alter6.com
Comments are closed.