Le tarif de location de l’outillage que MCG met à disposition sur le port de Longoni paraissant excessif, le Conseil départemental propriétaire du port, a sollicité les conseils d’un consultant spécialisé. Ses critiques sont vives sur la méthode utilisée pour rentabiliser les grues et les RTG (portiques). La réponse du conseiller d’Ida Nel l’est tout autant.
Nous partirons d’abord d’un constat que nous avons fait à de nombreuses reprises : avant d’investir dans de tels équipements portuaires, Ida Nel était tenue d’en référer au conseil portuaire et d’obtenir l’aval du conseil départemental, ce qui ne fut pas le cas. Notons que la femme d’affaire ambitionnait de pouvoir défiscaliser, ce qu’elle aurait obtenu, selon le rapport du consultant CATRAM.
La règle de trois est simple : achetées 20.750.262 euros, chiffre surestimé selon le consultant, mais selon MCG validé par le ministère des finances justement dans le cadre de la défiscalisation, les 3 grues et les 4 RTG doivent être rentabilisées. Pour y arriver, Ida Nel impose un tarif au manutentionnaire SMART de 10.400 euros la journée de 7 heures.
« Plus prudent de commencer par deux grues »
Décortiquant la méthode de calcul en fonction du taux moyen d’occupation, CATRAM évoque « des pratiques inacceptables » de la part de MCG. En réponse, Mickaël Méléagros, présenté comme économiste portuaire et maritime, sollicité par Ida Nel, accuse CATRAM d’ « hypothèses non vérifiées et d’assertions prouvant une méconnaissance des opérations portuaires. » Les domaines d’intervention de CATRAM sont malgré tout en grande majorité portuaire.
Une bataille d’experts dans laquelle nous n’entrerons pas, pour nous arrêter sur un chiffre transmis par les « Usagers du port de Longoni »: « Le tarif de location d’une grue sur le port de Brest est de 188 euros de l’heure », ce qui, rapporté à 7 heures, chiffre à 1.316 euros… On est bien loin des 10.400 euros demandés par MCG. « Et ceci, sans que les grues soient défiscalisées », nous précise-t-on. Donc sans aide de l’Etat.
Du rapport du consultant on retiendra que l’investissement surdimensionné se basait sur une augmentation de trafic de transbordement, qui ne s’est pas concrétisé. Pour mémoire, c’était une des alertes de la Chambre des comptes dans sa critique de la passation de la Délégation du service public par l’ancien exécutif du conseil départemental. « Il aurait été prudent au démarrage de ne commander que deux grues », souligne CATRAM.
Rendez-vous à 8h45 à la capitainerie
Ces griefs ne sont pas isolés, et le conseil portuaire de ce jour pourrait être agité, notamment en raison de la réception tardive (deux jours avant) des points de l’ordre du jour : rendez-vous est donné à 8h45 à la capitainerie du port à tous les membres de l’Union maritime « pour accueillir les membres du conseil portuaire ». Un mouvement destiné à « montrer que les usagers du port sont dans un état de ras-le-bol général, et s’inquiètent de ce que Longoni est en train de devenir dans au niveau des infrastructures que de ses tarifs. »
En effet, outre le tarif de l’utilisation des grues et RTG, trois autres points sont inscrits à l’ordre du jour de ce Conseil portuaire qui régit les affaires courantes du port : le règlement d’exploitation, l’état du quai numéro 1 et les droits de port pour les navires.
Le premier a été présenté par MCG au mois de février, mais refusé : « Le gestionnaire proposait de mettre en place une ‘redevance de non utilisation’ des grues pour les navires qui arrivaient gréés, afin de les inciter à utiliser ses équipements », explique un membre des Usagers du port, qui souhaite rester anonyme. Une taxe qui aurait fait grimper le prix de l’escale, « ce qui se répercutera obligatoirement sur le prix de vente. » Les droits de port seront aussi examinés, « tout est augmenté de 5 à 20% ».
Les transitaires voient leurs factures grimper de 90%
Enfin, le point le plus problématique pour l’économie locale est relatif à l’état du quai numéro 1. Difficile de savoir s’il a été transféré par le département à MCG ou non. « En tout cas, il n’a pas été entretenu, et s’il fallait le reconstruire, il deviendrait inutilisable pendant 5 à 7 ans, nous disent les experts. » Un état qui est prétexte à la mise en place d’une « surcharge congestion », par MCG, mais dont le point n’est pas à l’ordre du jour.
« Cela fait une dizaine de jour que MCG nous facture un supplément faisant grimper nos factures de prés de 90%, sans que le conseil portuaire ne l’ait validé », râle Marc-Antoine Molès, secrétaire du Syndicat des transitaires. Une surcharge qui serait provoquée par l’inutilisation du quai n°1, « mais qui intègre la manutention avec des RTG qui n’ont pourtant pas été utilisés. »
Plutôt que de refacturer au client, avec le risque d’un impact sur le prix final, les transitaires ont choisi de ne pas tenir compte de cette taxe qu’ils considèrent comme illégale. « De plus, si les armateurs peuvent nous indexer avec cette taxe, ce n’est pas le cas de MCG qui est titulaire d’une délégation de service public, et qui ne peut donc augmenter ses tarifs sans avoir l’accord de l’autorité de gestion. »
Pour finir, le transitaire rappelle que l’une des clauses de la DSP mentionnait le respect de la lutte contre la vie chère…
Le conseil portuaire risque donc d’être animé ce mercredi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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